Projet de loi sur la location court terme: «Le plus grand perdant, c’est le citoyen»
HÉBERGEMENT. Avec la vaste mobilisation des municipalités du Québec, le préfet de la MRC de Memphrémagog, Jacques Demers, est d’avis que le gouvernement provincial n’a pas d’autre choix que de trouver une alternative pour réglementer la location court terme.
Dans son projet de loi actuel, Québec veut notamment permettre à tous les propriétaires du Québec d’utiliser leur résidence principale pour y effectuer de la location sur une base régulière. Une démarche dénoncée par les villes et les élus municipaux, qui se verraient retirer leur pouvoir de zonage et ainsi, décider où et comment encadrer cette pratique commerciale sur leur territoire.
«À ce jour, plus de 600 résolutions de municipalités ont été envoyées au gouvernement et d’autres le seront prochainement. C’est majeur comme message, soutient M. Demers. Je ne pense pas avoir déjà vu une telle mobilisation sur d’autres enjeux. Pour cette raison, je crois que le gouvernement n’a pas le choix de trouver une alternative.»
Pour celui qui est maire de Sainte-Catherine-de-Hatley, le gouvernement pourrait, par exemple, soumettre son projet à une vaste consultation populaire. Ainsi, tous les citoyens seraient invités à s’exprimer, par signature, s’ils sont en faveur ou non, ce qui serait plus représentatif des réalités de chaque communauté, à son avis.
«Ce dossier peut donner l’impression que c’est une guerre de pouvoirs entre le Provincial et le Municipal. Mais dans les faits, le plus grand perdant, c’est le citoyen, qui pourrait devoir endurer un voisin qui déciderait en toute légalité, du jour au lendemain, de louer sa maison à des étrangers sur une base régulière. Et le citoyen n’aurait pas un mot à dire», déplore-t-il.
Même s’il reconnaît que la lutte aux locateurs illégaux risque d’être un «éternel recommencement», Jacques Demers demeure convaincu que les municipalités sont les mieux placées pour contrôler ces activités et veiller à la quiétude du grand public. «À Sainte-Catherine-de-Hatley, nous avons investi beaucoup d’argent par le passé pour faire respecter notre réglementation. Oui, il y a encore des illégaux aujourd’hui, mais en règle générale, lorsqu’on donne un avertissement, les gens nous prennent au sérieux et cessent immédiatement», conclut-il.