Pelouse trop longue: moderniser un règlement d’une autre époque
ENVIRONNEMENT. Mathieu Roy et Amélie Prévost-Michaud protestent contre un avis d’infraction qui aurait pu leur coûter entre 50 $ et 600 $ pour avoir laissé pousser du gazon sur leur terrain à une hauteur excédant 15 centimètres. Ce couple de la rue Saint-Pierre, à Magog, conteste ce règlement « vétuste et archaïque ».
M. Roy digère mal la réception d’une lettre disant que sa végétation est nuisible et interdite. À l’inverse, il s’estime plus utile pour l’environnement en fournissant un sanctuaire écologique. «Je filtre l’air pollué, je favorise la biodiversité, je contribue à notre sécurité alimentaire, j’embellis mon milieu avec des fleurs et j’aide à diminuer la chaleur l’été», réplique-t-il.
Selon ses dires, le «désert de bitume» en milieu urbain représente plutôt la réelle nuisance à s’attaquer. «En cette période où le climat se dérègle et que l’humain détériore les milieux naturels, il faudrait au contraire encourager les gens à délaisser le gazon et à naturaliser des espaces en ville», ajoute M. Roy.
Il refuse également une autre mesure comprise dans l’avis d’infraction qui l’oblige à couper l’herbe haute et les broussailles sur toute la propriété, tout en prévoyant quelques tontes annuelles afin de se conformer à la réglementation municipale. «Ma cour arrière est presque entièrement occupée par de la culture de tomates, maïs, kale, bleuets, framboises, etc., énumère M. Roy. Il est hors de question que je tonds.»
Dans un esprit de collaboration, M. Roy a déjà acheminé quelques propositions à la Ville pour revamper les règlements municipaux. Il suggère notamment un concept de 50-50, ce qui se traduit par de la pelouse sur 50% du terrain non bâti et le reste avec de l’aménagement paysager, incluant des rocailles, des jardins ou des arbres. Selon lui, les pesticides et herbicides seraient à proscrire.
Ce couple comprend mal, également, pourquoi on les réprimande lorsque la même Ville applique des concepts similaires dans une plus grande proportion à l’Espace Saint-Luc et sur les terre-pleins de la rue Sherbrooke.
M. Roy et Mme Prévost-Michaud invitent le conseil municipal à amorcer une réflexion collective et une vaste consultation publique sur la question de la naturalisation des espaces urbains.
AUCUN CONSTAT AVANT DE NUANCER LE RÈGLEMENT
Même si elle a appris l’existence de cette situation par les médias dans les derniers jours seulement, la mairesse de Magog, Nathalie Pelletier, mentionne que le règlement en question sera discuté lors d’une commission de la Planification et du développement du territoire à l’automne. «Les élus pourront ainsi se positionner et voir s’il y a lieu de nuancer le règlement, dit-elle. La Ville de Magog n’émettra pas de constat d’infraction aux citoyens avant de s’être repositionnée sur le sujet.»
Mme Pelletier admet que le conseil devra analyser cette tendance de plus en plus répandue sur la scène internationale. «C’est une occasion à saisir car nous ne sommes plus à l’ère des gazons impeccables comme sur les terrains de golf», termine-t-elle.