Paramoteur: se retrouver seul au monde, un vol à la fois

SPORT EXTRÊME.  Si vous apercevez quelque chose d’étrange dans le ciel, attendez un peu avant de soupçonner la présence d’un extraterrestre. Les probabilités sont beaucoup plus grandes qu’il s’agisse plutôt de Dominic Morin, un homme d’affaires qui pratique un sport complètement « flyé », c’est-à-dire le paramoteur.

Ce rêve de voler, Dominic Morin l’avait en tête depuis très longtemps. Il a ressenti ce besoin dès ses 12 ans lorsqu’il accompagnait un voisin qui pratiquait le deltaplane. Il l’aidait à transporter son matériel au sommet du mont Yamaska et à le rejoindre à l’arrivée, mais toujours en gardant les deux pieds sur terre. «Il n’avait pas le droit de me faire voler, mais j’apprenais à ses côtés. Et puisqu’il filmait ses descentes avec une grosse caméscope à l’époque, il me prêtait ses cassettes et le soir, je regardais ses vols chez moi. C’est là que je m’étais dit qu’un jour, ça allait être mon tour», raconte celui qui est président de ProjexMedia, une entreprise faisant partie de Magog Technopole. 

Une liberté jusqu’au McDo

Comme bien souvent, le temps est passé rapidement avant que le principal intéressé passe de la parole aux actes. Ce jour est finalement venu en 2021, à l’âge de 46 ans, lorsqu’il est tombé par hasard sur une vidéo d’une vedette dans le milieu du paramoteur, un dénommé «Tucker Gott». «Je dirais que 75% des gens qui font du paramoteur ont commencé en voyant une vidéo de Tucker Gott, qui a plus d’un million d’abonnés. Sa vidéo la plus populaire, et celle qui m’a le plus interpellé, est lorsqu’il va se chercher une commande à l’auto au McDo avec son paramoteur. Il atterrit, prend sa commande, et repart manger son hamburger dans le ciel. C’est là que j’ai vu le «trip» du paramoteur, qui est l’engin volant offrant le plus de liberté.»

Comme l’explique Dominic Morin, le grand avantage du paramoteur réside dans sa simplicité. Il suffit d’enfiler un genre de sac à dos équipé, en fait, d’un moteur à essence  et d’une hélice. Le tout est attaché à une grande voile que l’on déploie avant le décollage.

Dès que les conditions sont favorables, sans vent important, le pilote peut s’élancer sur une piste improvisée en se donnant un élan par la course. Et après quelques enjambées, le voilà déjà dans les airs à admirer les paysages d’un angle différent, les deux pieds dans le vide. «Pour voler, il faut un permis qui nécessite de passer un examen théorique et d’effectuer 30 vols avec un instructeur. Pour le cours et l’achat d’un paramoteur, on parle d’un budget d’environ 15 000 $. C’est le moyen de voler qui coûte le moins cher et pour 10 $ d’essence, je peux en faire pendant deux heures.»

Un autre avantage non négligeable est que l’équipement se transporte facilement. M. Morin utilise une petite remorque fermée lorsqu’une envie de s’envoler en l’air devient trop forte. «Pour le décollage, je dois obtenir la permission de la personne qui possède le terrain. Pour le reste, je peux faire pratiquement ce que je veux. Pas besoin d’aller à un aéroport ou signaler ma présence pour atterrir. Je dirais qu’avec la pratique, il me faut cinq minutes pour me préparer avant de décoller. J’aime souvent partir tôt de la maison et y aller avant le travail. Les meilleurs moments sont généralement au lever et au coucher du soleil.»

Plus de dangers sur terre que dans les airs

Comme dans tout sport extrême, il y a des risques que des choses tournent mal. Mais étonnamment, comme le fait remarquer le principal intéressé, les dangers qui guettent les «paramotoristes» surviennent au sol plutôt qu’avec la tête près des nuages. «Quand la météo est idéale, les risques sont assez limités. En vol, on utilise seulement le moteur pour monter en altitude. Une fois à la hauteur désirée, on l’arrête et c’est la voile qui nous fait avancer.»

«Ce qui est le plus risqué, c’est le décollage et l’atterrissage, poursuit-il. Récemment, je suis parti d’un endroit que je connaissais moins et au moment de décoller, le vent a tombé et ma voile s’est fermée. J’ai planté pleine face à terre, avec du gazon dans les lunettes. Ce n’était pas chic, mais ça fait partie des risques.»

Pour son plaisir personnel et aussi pour faire connaître son sport, Dominic Morin a créé sa chaîne YouTube où il partage des vidéos de ses vols. Il se fait aussi un devoir de répondre aux questions des plus curieux ou de guider ceux qui ont envie de plonger dans cette aventure. «J’ai joué longtemps pour un groupe qui s’appelait Kermess. On faisait des spectacles devant des foules de 10 000 personnes. Le paramoteur me procure la même sensation que j’avais sur scène. Avant chaque vol, on ressent une espèce de trac pour ne rien oublier. Mais dès que le spectacle commence, tout ce stress disparaît et tu capotes littérallement. Et de retour sur terre, c’est l’euphorie totale et on se sent plus vivant que jamais.»

Une sensation unique

Ce dernier va même jusqu’à dire que le paramoteur lui procure des sensations et une liberté qui ont complètement changé sa vie. «D’être seul dans le ciel, à voler comme les oiseaux, ça libère l’esprit. Tout le stress du travail et de la vie du quotidien, on l’oublie, car on se concentre sur l’essentiel, sur ce qui nous entoure. De voir la beauté du monde, d’apprécier la vie et de se sentir à la fois si fragile en étant dans une situation à risque, c’est indescriptible comme sentiment. Pour moi, dans ma vie, il y a vraiment un avant et un après la découverte du paramoteur», conclut-il.

Pour suivre les aventures de Dominic Morin, il suffit de consulter sa page YouTube intitulée «Wiggy Wing».