Orford et Potton votent contre le schéma d’aménagement de la MRC de Memphrémagog

AMÉNAGEMENT. La MRC de Memphrémagog a adopté sur division son schéma d’aménagement, la semaine dernière, car les Municipalités des Cantons d’Orford et de Potton ont refusé d’entériner ce vaste document encadrant la planification et le développement futur de la région.

La mairesse d’Orford, Marie Boivin, se dit d’accord avec les grandes orientations du schéma. Elle digère cependant moins bien l’interdiction de construire des routes en dehors des périmètres urbains. «Ces nouveaux règlements compromettent certains projets en cours, constate-t-elle. On avait pourtant trouvé des terrains d’entente avec ces promoteurs pour aménager des développements intégrés et équilibrés. On aurait aimé avoir deux ou trois mois supplémentaires pour analyser davantage ces critères.»

Malgré les forts reliefs présents au Canton d’Orford, la mairesse vit cependant très bien avec l’interdiction d’aménager une route sur une pente de plus de 30%, tel qu’il est inscrit dans les nouvelles orientations.

Le maire Michael Laplume crie plus fort à Potton. Il manifeste une grande inquiétude. «Les impacts négatifs seront dangereux pour quelques projets en cours et à venir», craint-il.

À ses yeux, la géographie à grand relief présente dans sa municipalité fera en sorte qu’il n’y aura plus de nouvelles routes en dehors du périmètre urbain ni dans les pentes de plus de 30%.  «Il y aura un impact économique majeur pour la Ville et pour les propriétaires qui souhaitent développer et lotir leur terrain. Les mesures sont draconiennes, surtout pour un territoire accidenté comme le nôtre. On freine notre développement», s’inquiète-t-il.

Michael Laplume craint également des impacts majeurs sur la suite des choses à Owl’s Head, là où des chemins et des centaines de condos sont prévus sur un terrain particulièrement incliné.

PRUDENCE À OWL’S HEAD

Le président et directeur général de Destination Owl’s Head (DOH), Pierre Bourdages, préfère analyser davantage ces critères complexes avant de préciser de possibles impacts ou non sur les projets de cette station touristique. «Il n’y a aucun impact à court terme, mais on consultera des spécialistes avant de se prononcer», commente-t-il.

M. Bourdages ajoute que l’ensemble du plan directeur de DOH a déjà été adopté et autorisé par la MRC et le Canton de Potton, incluant les travaux déjà réalisés. «On a à cœur la protection de l’environnement et des paysages, insiste-t-il. On en fait même plus que certaines normes environnementales du gouvernement.»

DOH poursuit les objectifs de son plan directeur avec la construction actuelle de 42 unités d’habitations supplémentaires dans deux secteurs distincts.

UNE RÉFLEXION DE TROIS ANS LONGUEMENT MÛRIE

Le préfet de la MRC, Jacques Demers, comprend les doléances de ces deux maires. Il tient toutefois à signaler que 14 autres premiers magistrats ont entériné ce document, la semaine dernière. «Tous les élus ont amplement eu l’occasion de lire et de réviser nos versions précédentes, spécifie-t-il. L’échéancier était également connu de tous.»

M. Demers ajoute que la majorité des orientations contenues dans le schéma sont calquées sur des normes du gouvernement du Québec. «On adopte ces règlements pour protéger davantage l’environnement, éviter l’étalement urbain et protéger nos paysages, résume-t-il. On veut les nouvelles maisons près des villes et villages, pas dans la forêt. D’autres MRC interdisent déjà la construction de routes en dehors du périmètre urbain, et nous, on refusera ces chemins sur 75 % de notre territoire.»

Plusieurs critères sont effectifs depuis l’adoption du schéma pour éviter que des travaux se précipitent en catimini. D’autres aspects de ces nouvelles normes seront appliqués dans 60 jours.

LE MCI DEMEURE SUR SA FAIM

Le groupe Memphrémagog Conservation (MCI) applaudit certains éléments adoptés, mais avoue rester sur sa faim pour d’autres propositions non retenues.

Son président Robert Benoit se réjouit que le schéma reconnaisse le lac Memphrémagog comme réservoir d’eau potable, même s’il reste des actions concrètes à mettre en place pour protéger ce plan d’eau.

Le MCI accueille avec soulagement l’adoption d’un règlement de contrôle intérimaire qui rend effective immédiatement l’interdiction de construire des routes dans les pentes de 30% et plus. Par contre, le groupe aurait préféré une interdiction complète pour tous les travaux dans les pentes de 15% à 30 % en raison de risques aussi élevés d’érosion des sols.

Le groupe est désolé que la protection des massifs forestiers secondaires situés à Austin, Magog, Canton de Stanstead et Ogden n’ait pas été prise en compte.

M. Benoit invite les Municipalités à aller plus loin et à adopter des règlements plus sévères que ceux inclus dans le schéma.