Opération citoyenne pour la revitalisation de l’ancienne Dominion Textile

PATRIMOINE. Un groupe de citoyens s’intéresse à la revitalisation du complexe industriel de l’ancienne Dominion Textile (DT), une usine construite en 1883 et qui a fermé ses portes il y a moins de dix ans (2011). Louise Gagné souhaite stimuler l’intérêt de promoteurs afin que les vastes bâtiments ne tombent en ruine. Pour elle et son groupe, il faut s’organiser assez rapidement pour sauvegarder ce qui reste de ces installations qui ont déjà figuré parmi les plus importantes dans l’industrie du textile au Canada. «On souhaite ainsi contribuer à la relance du quartier des Tisserands, surtout que rien ne bouge en ce sens depuis 2014», précise-t-elle. Pour l’urbaniste et architecte Roberpierre Monnier, le groupe sonde le terrain pour savoir si ce complexe peut reprendre du service. «On aimerait que le milieu s’exprime pour redonner espoir à la population pour se réapproprier les berges de la rivière Magog, donner accès à un immense parc et à des bâtiments qui peuvent abriter toutes les formes d’usages compatibles, comme des commerces, de l’habitation, des usages sportifs et des ateliers d’artistes, entre autres», résume-t-il. Louise Gagné prévient cependant que son groupe n’est pas promoteur d’un projet d’investissement, ne représente aucune entreprise et ne possède aucun intérêt pécuniaire dans ce dossier. «On souhaite des projets, mais on veut surtout amorcer une sérieuse réflexion», signale-t-elle. Le complexe textile de Magog – d’hier à demain La première action du groupe consiste à présenter une conférence ayant lieu dans le cadre des Journées de la culture, le samedi 29 septembre à 13 h. Intitulée «Le complexe textile de Magog – d’hier à demain», elle se tiendra à l’auditorium des Tisserands de Magog (90, rue Saint-David). Les conférenciers seront l’historien Serge Gaudreau, l’architecte et urbaniste Roberpierre Monnier et Bernard Reichen, un architecte de Paris. Ce dernier apportera une réflexion sur les conditions pour réussir un projet de revitalisation urbaine, à partir de décennies de réhabilitation de filatures en Europe. Suivront une discussion et une visite extérieure des lieux par des anciens, dont Gervais Morin, le dernier des contremaîtres chargé de fermer et démanteler cette usine étape par étape. Cette activité est gratuite, mais il est important de réserver sur le site ville.magog.qc.ca/billets ou au 819 843-1330, poste 899. Vers un centre d’interprétation du textile? Ces citoyens caressent aussi le rêve de transformer le site en un centre d’interprétation du textile, afin de rendre hommage aux milliers d’ouvriers magogois y ayant gagné leur vie. Pour eux, ce serait une excellente occasion de rappeler que la Dominion Textile a déjà embauché jusqu’à 2500 personnes pendant la Seconde Guerre mondiale. Aux dires de l’historien Serge Gaudreau, l’usine à imprimer le coton a déjà été la seule de ce genre au Québec. «On disait aussi que les usines magogoises (filature et imprimerie) étaient les seules au Canada à faire toutes les opérations allant du ballot de coton au produit fini», rappelle-t-il. L’historien ajoute que pendant la Deuxième Guerre, une publicité affirmait que l’imprimerie de la DT était la plus grande sur le continent nord-américain et la seconde plus grande de tout le Commonwealth britannique.