North Hatley ne veut pas un «pont de fond de rang» dans son village

TRAVAUX. L’arrivée d’un nouveau gouvernement donne de l’espoir aux élus de North Hatley, qui continuent de faire pression pour obtenir un nouveau pont à l’image de leur village. Le maire Michael Page avoue que ses premières tentatives en ce sens n’ont donné aucun résultat avec le ministère des Transports (MTQ) et l’ancien député d’Orford, Pierre Reid. Toutefois, il se dit «confiant» d’obtenir une oreille attentive du gouvernement nouvellement élu, surtout qu’il considère que sa demande est raisonnable. «On est l’un des plus beaux villages au Québec. Il est photographié et reconnu à travers le monde grâce à la renommée du Manoir Hovey. Tant qu’à construire un nouveau pont, pourquoi ne pas faire quelque chose de beau?, s’interroge-t-il. Ce qui est clair, c’est qu’on ne veut pas un autre pont de fond de rang comme c’est le cas actuellement.» Un pont signature ne signifie pas pour autant des dépenses démesurées, assure le maire Page. Pour lui, l’idée est seulement de sortir du moule habituel en proposant une infrastructure unique. «On a déjà fait des dessins de ce qui pourrait être fait. Je pense, par exemple, à une rampe plus élaborée, et à un fini de couleur noir au lieu du gris insipide. On ne demande pas quelque chose qui va coûter des centaines de milliers de dollars supplémentaires. C’est juste d’avoir un pont différent, tout simplement», ajoute le politicien. Il est d’ores et déjà clair dans la tête de M. Page que ces coûts supplémentaires seraient assumés par le gouvernement. Pour lui, pas question de faire payer davantage ses contribuables qui font déjà leur grande part, selon lui. «Les citoyens payent déjà une grosse partie de l’usine d’eau potable, qui nous a été imposée par le gouvernement, rappelle-t-il. La mise à jour de nos infrastructures routières a aussi coûté très cher et il en reste encore à faire. À North Hatley, toute dépense municipale a un gros impact sur le compte de taxes, car nous avons à peine 450 résidences taxables. Personne ici n’est capable de se payer le luxe d’un pont signature.» Ce dernier entend aussi discuter avec le MTQ de la faisabilité d’enfouir les fils d’électricité et de téléphone au village, pour des raisons également d’esthétisme. Construit en 1947, le pont du village a atteint sa fin de vie utile. Sa reconstruction pourrait durer jusqu’à six mois.  

Le MTQ ne paiera pas pour les extras

Si la Municipalité de North  Hatley souhaite avoir une signature visuelle sur le pont qui sera reconstruit dans son village, elle devra elle-même trouver les fonds pour se le payer. Le ministère des Transports du Québec (MTQ) est catégorique à l’effet que les coûts reliés à des demandes «esthétiques» doivent être pris en charge par la Municipalité. De ce fait, le MTQ a accepté de reporter les travaux à 2020, question de donner le temps aux élus de trouver le financement nécessaire. «Si la Ville souhaite ajouter des éléments architecturaux ou enfouir des services d’utilités publiques, ils devront procéder rapidement, car le pont actuel a atteint sa fin de vie utile, soutient la porte-parole du Ministère, Dominique Gosselin. La structure demeure sécuritaire, mais rien ne dit que l’on pourra attendre encore deux ans. Le MTQ est prêt à collaborer, mais sa priorité est la sécurité des usagers.» Même s’il ferme la porte à défrayer une partie de la facture pour les extras demandés par la Municipalité, le MTQ paiera quand même pour certaines améliorations. Par exemple, la nouvelle structure sera plus large pour aménager une bande cyclable et plus haute pour faciliter la navigation au confluent du lac et de la rivière Massawippi. Un détour de 20 km Pour le moment, le détour envisagé demeure le même qui avait été annoncé il y a quelques mois, c’est-à-dire par les routes 108, 143 et le chemin Sherbrooke. Cet itinéraire représente une distance additionnelle d’environ 20 km. «La Municipalité a entrepris des démarches pour trouver des alternatives plus courtes sur son réseau local. Toutefois, à ce jour, elle n’a rien trouvé de concluant qui permettrait la circulation de tous les types de véhicules», ajoute Mme Gosselin. Cette dernière assure que tout sera analysé afin de réduire l’impact sur la circulation, surtout en haute saison alors que North Hatley est pris d’assaut par les touristes. «Idéalement, on souhaiterait réduire la durée des travaux ou encore les réaliser à des moments moins achalandés de l’année. L’idée d’une traverse piétonnière temporaire fait aussi partie des options qui seront évaluées. Il faudra voir ce qui est réalisable avec les échéanciers qui nous seront imposés», conclut-elle.