Myriophylle à épi: une urgence d’agir pour sauver les lacs
ENVIRONNEMENT. Une alliance provinciale, ayant des ramifications jusque dans la MRC de Memphrémagog, presse le gouvernement du Québec d’agir rapidement pour sauver les lacs et les cours d’eau de la province. Le myriophylle à épi est l’envahisseur à surveiller.
L’Alliance pour un programme national de gestion du myriophylle vient de lancer une campagne de mobilisation contre la prolifération de cette plante aquatique qui menace les plans d’eau du Québec.
Le porte-parole de ce regroupement, Jean-Claude Thibault, qui préside également la Coopérative de solidarité en protection de l’eau RAPPEL, signale que ce problème affecte près de 190 lacs au Québec. «Près de la moitié des lacs sont envahis par cette plante dans les Cantons-de-l’Est, dont le Memphrémagog, le Massawippi, le Magog et le Lovering», prévient-il.
Thibault annonce que le printemps 2019 représente un bon moment pour une importante prise de conscience. «Nous n’exagérons pas. Nos données démontrent qu’on a le droit d’avoir peur. On doit sérieusement réfléchir pour limiter les dégâts écologiques et économiques, s’inquiète-t-il. Chaque année d’inaction représente un risque additionnel important pour les lacs et cours d’eau non atteints. On doit au minimum stopper la contamination.»
Présent depuis plusieurs années, le myriophylle à épi pousse dans les lacs, les étangs, les rivières, les milieux humides, les canaux et les autres plans d’eau artificiels. Une fois installée, cette plante aquatique croît de façon exponentielle. Ses impacts sont majeurs pour les lacs et plans d’eau du Québec.
Selon l’Alliance, elle cause notamment la perte de l’usage normal des plans d’eau, en diminue la biodiversité et nuit aux activités récréatives telles que la navigation de plaisance, la pêche et la baignade.
Outre des conséquences sur le nautisme et la biodiversité, le myriophylle à épi a des répercussions sur la réputation de beauté des plans d’eau du Québec. L’Alliance craint un impact économique lié aux activités touristiques. «Des études démontrent une baisse des valeurs foncières jusqu’à 19% relative à sa présence aux États-Unis, détaille M. Thibault. C’est immense, c’est une tranche de 200 000 $ pour une maison d’un million de dollars.»
Même si on ne peut éradiquer ce phénomène à 100% dans un lac, M. Thibault, un géomorphologue à la retraite, suggère notamment d’arracher ces plantes avec la racine dès son apparition. Le déploiement de toiles de jute pour étouffer le myriophylle est aussi conseillé.
- Thibault ajoute une bande minimale de dix mètres sur les rives de tous les plans d’eau afin de protéger adéquatement la biodiversité.
L’Alliance demande au gouvernement d’informer tous les usagers des plans d’eau de laver leur embarcation, surtout s’ils fréquentent plus d’un lac. Ses membres demandent également du financement pour aider les municipalités à freiner cette prolifération. Ils réclament plus que les huit millions récemment annoncés dans le récent budget provincial pour prévenir la dissémination dans les plans d’eau non atteints, soutenir la recherche et appuyer les régions aux prises avec le problème.