Moules zébrées: «Catastrophe écologique» en vue au lac Massawippi
ENVIRONNEMENT. L’organisme Bleu Massawippi compare la détection d’une vingtaine de moules zébrées dans ce plan d’eau à une véritable «catastrophe écologique» et à une «urgence environnementale».
Cette première observation sème l’inquiétude, car le lac Massawippi représente un milieu très propice à une croissance exponentielle de cette espèce envahissante. On y retrouve, en effet, un taux de calcium qui risque de causer rapidement plus de dommages qu’aux lacs Magog et Memphrémagog, là où sont déjà présentes les moules zébrées.
Les impacts pourraient survenir dans un horizon de trois à cinq ans, selon Bleu Massawippi. On craint notamment des épisodes croissants de cyanobactéries, d’un déclin de poissons, un écosystème modifié, une prolifération des herbiers, une dégradation du barrage et des quais, des impacts sur les activités nautiques et d’éventuels enjeux sur la santé publique.
Les moules zébrées s’attaquent également aux prises d’eau municipales en bloquant potentiellement leurs entrées. Trois municipalités riveraines puisent d’ailleurs leur eau potable dans le lac Massawippi. Il s’agit de North Hatley, Waterville et Canton de Hatley.
Des experts craignent le pire. «Un désastre est à prévoir, s’inquiète la biologiste Isabelle Picard, de la firme Stantec. Ça risque d’affecter tout le bassin versant. Il s’agit aussi d’un désastre économique et récréotouristique.»
Le président de Bleu Massawippi, Patrick Fréchette, insiste pour dire qu’il faut prévenir ou ralentir l’implantation de cette espèce envahissante. «Le lac Massawippi est à l’aube de la pire des menaces, comme un diagnostic de cancer foudroyant, alarme-t-il. Le combat qui s’amorce concerne toutes les instances. Si le réveil est brutal aujourd’hui, il sera bien pire si, dans quelques années à peine, nous ne pouvons que constater les dégâts et tenter de gérer l’ingérable.»
Un lac fermé pour éviter le désastre?
La directrice générale de Bleu Massawippi, Michèle Gérin, prévient que les huit prochaines semaines seront déterminantes et que les prochains mois seront sombres. «On réclame la fermeture temporaire de l’accès au lac, avec effet immédiat, pour permettre la première évaluation et éviter les nouveaux risques de contamination, recommande-t-elle. D’autres mesures viendront inévitablement au printemps.»
Mme Gérin admet qu’il s’agit d’une solution crève-cœur qui fera bien des insatisfaits. Elle ajoute que la complaisance face aux plaisanciers qui descendent au lac comme dans une passoire ne peut plus être tolérée et devra être sanctionnée. «On ne pourra pas investir des dizaines, voire des centaines de milliers de dollars pour sauver le lac chaque automne. Et si on ne le sauve pas, on parlera de millions en termes d’impacts. Espérons que tout le monde le comprendra et sera solidaire.»
Un comité de gestion a été formé de toute urgence, incluant la collaboration du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec (MFFP), de Pêches et Océans Canada, du COGESAF et de Bleu Massawippi.