Michel Bombardier: un prof «légendaire» quitte la classe

LA RUCHE. Une page d’histoire de l’école secondaire de La Ruche se tournera ce vendredi (22 juin) alors que l’enseignant Michel Bombardier passera officiellement dans le camp des retraités, au terme d’une carrière de près de 35 ans. Employé le plus ancien – et sans doute le plus connu – de cette institution, M. Bombardier faisait également partie de la première cohorte d’élèves en 1974, avant d’y revenir comme entraîneur d’escrime, et par la suite comme enseignant à compter de 1983. «J’ai toujours étudié ou travaillé ici depuis les débuts de La Ruche. Cette école, c’était ma deuxième maison», lance-t-il avec émotion, alors qu’il s’apprête à quitter sa classe de façon définitive. Bien qu’on assiste à des départs pratiquement tous les ans – dont 6 cette année à Magog -, celui de Michel Bombardier retient davantage l’attention en raison du «style» de ce pédagogue. Parfois détesté, mais davantage apprécié, cet enseignant d’histoire se démarquait par sa passion du métier, son humour corrosif et sa capacité à garder ses étudiants sur le qui-vive. Gare à ceux qui tentaient de contourner les règles ou qui ne mettaient pas les efforts nécessaires en classe ou à la maison. «J’ai toujours eu la réputation d’un prof sévère et c’était effectivement le cas. Je tenais à ce que les jeunes fassent leurs devoirs correctement et qu’ils respectent les règlements de l’école. Ceux qui suivaient les règles n’ont jamais eu de problème avec moi», se défend celui qui aura bientôt 59 ans. Avec le temps, Michel Bombardier est probablement devenu un personnage scolaire plus grand que nature. Ses méthodes pédagogiques et ses nombreuses implications lui ont forgé une certaine réputation, que le principal intéressé juge surfaite. «Les légendes urbaines contribuent souvent à la réputation d’un individu. Plusieurs parents m’ont écrit pour me dire que leur enfant était terrorisé à l’idée de m’avoir comme enseignant au début d’une année, mais qu’après quelques semaines, j’étais devenu l’un de leurs profs préférés», raconte le futur retraité. Escrime et voyages Au fil des ans, le nom de Michel Bombardier a été associé à de nombreuses activités parascolaires comme l’escrime et les voyages. Alors qu’il venait tout juste d’entamer le Cégep, il s’était amené en relève comme entraîneur d’escrime du club les Flibustiers, dont les activités se déroulaient dans les locaux de La Ruche. «Michel Lacroix, qui avait été mon prof d’escrime à l’époque, m’avait demandé de lui donner un coup de main. Finalement, cette belle aventure aura duré 15 ans (de 1977 à 1992) et elle aura été l’un des beaux chapitres de ma vie. J’ai même participé aux Jeux du Canada de 1991 comme entraîneur de l’équipe du Québec et nos escrimeurs avaient tout raflé», se remémore-t-il avec fierté.

Durant 15 ans (1977 à 1992), Michel Bombardier a été à la tête du club d’escrime Les Flibustiers.
Parallèlement à sa «carrière» d’entraîneur, il développe une passion pour les voyages, passion qu’il partage rapidement avec les élèves de La Ruche. Organisateur hors pair, il a supervisé plusieurs voyages culturels à l’étranger, notamment en Europe, et il s’est également impliqué dans les périples scolaires à Boston et New York. «À titre personnel, j’ai aussi organisé des voyages avec d’anciens élèves devenus adultes. Je me sens privilégié de pouvoir continuer à côtoyer plusieurs d’entre eux», confesse-t-il. Un prof marquant Nombreux sont ceux qui parlent de Michel Bombardier comme d’un «prof marquant», quelques années après leur départ de La Ruche. «Merci de m’avoir autant inspirée. J’ai en quelque sorte décidé de suivre tes traces», a louangé l’enseignante Ode Champigny, à l’origine d’une vidéo visant à rendre hommage à son collègue et ex-professeur. «Je me disais que ce devait être payant d’être enseignant, à voir ton train de vie. Finalement, ça ne l’est pas du tout», a-t-elle témoigné en riant À l’instar du personnage, plusieurs de ses anciens élèves ont adopté l’humour pour lui rendre hommage. «J’ai vécu un grand deuil lorsque tu as coupé ta célèbre moustache. Aujourd’hui, c’est toute ta face qui nous quitte. C’est une grande perte pour notre école secondaire», a lancé Louis Blouin, aujourd’hui correspondant à Ottawa pour Radio-Canada. «T’avais des pratiques pédagogiques et didactiques parfois douteuses, mais tu as permis à des milliers de petits Magogois et Magogoises de survivre à leur cours d’histoire avec un peu de plaisir», a ajouté Claude Benoît, devenue enseignante au primaire.
Michel Bombardier a effectué quelques mandats comme conseiller municipal à Magog, simultanément à sa carrière d’enseignant.
Chose certaine, plusieurs se demandent ce que fera ce futur retraité pour combler ses temps libres, lui qui a déjà occupé jusqu’à trois emplois (enseignant, propriétaire de boutique de vélo et conseiller municipal) simultanément. «Je vais prendre les six premiers mois pour voyager et réfléchir à tout ça. En fait, j’avais un plan l’automne dernier pour occuper mes temps libres (il souhaitait reprendre son poste de conseiller municipal), mais ça n’a pas fonctionné comme prévu», a-t-il conclu avec un sourire en coin.