Magog : une mère accouche à la halte routière de l’autoroute 10

INTERVENTION. De tous les scénarios qu’elle avait imaginés, une mère de la Montérégie n’avait jamais pensé donner naissance à son enfant dans une halte routière. C’est pourtant ce qui s’est produit le 22 mars dernier, à Magog.

Les paramédics Alexis Longpré et Anthony Veilleux venaient à peine de commencer leur quart de travail, lorsqu’ils ont reçu un appel plutôt nébuleux. Leur assistance était requise au dépanneur de la halte routière, à la sortie 115 de l’autoroute 10, où se trouvait une femme en contraction. Cette dernière était accompagnée de son conjoint et d’une sage-femme.

Les intervenants s’attendaient à effectuer un transport d’urgence vers l’hôpital, mais en arrivant sur place, ils ont vite compris que l’accouchement était imminent. «Même si on est formé pour faire face à une telle situation, c’est quelque chose qui arrive rarement dans notre métier, raconte Alexis Longpré, âgé de 29 ans. J’ai des collègues avec plus de 15 ans d’expérience qui n’en ont jamais fait. Alors, c’était un gros événement!»

Dès leur arrivée vers 18 h, ils ont contacté le concierge du bâtiment qui leur a donné accès à un corridor privé. L’endroit n’avait rien d’une salle d’accouchement, avec tout le matériel d’entretien ménager qui s’y trouvait.

Mais cet espace restreint était tout de même à l’abri des regards indiscrets. «C’était important d’offrir à la famille une intimité, surtout dans un moment aussi important de leur vie. Malgré toute l’intensité, on a essayé de rendre l’ambiance la plus calme possible. De plus, tout notre matériel était à portée de main, advenant des complications», ajoute-t-il.

 

Aux premières loges

Pendant que son confrère s’occupait de la logistique, Alexis Longpré a pris les commandes de l’accouchement aux côtés de la sage-femme. Cette dernière lui a donné tous les conseils pour accueillir l’enfant dans ce nouveau monde.

Le petit garçon s’est finalement pointé le bout du nez à 18 h 38, et ce, en pleine santé. «Quand j’ai vu la tête sortir, je me suis dit: wow, c’est vraiment vrai! C’était une première dans ma vie et en plus, c’est moi qui l’ai sorti, s’exclame le paramédic. Dès les premiers pleurs du bébé, tout le stress a laissé place à du bonheur. C’était vraiment merveilleux comme moment et je me considère privilégié de l’avoir vécu.»

La nouvelle famille est demeurée «dans son petit cocon» pendant presque deux heures, avant de repartir dans une maison de naissance de Bromptonville. Le chemin du retour s’est fait non sans difficulté, en raison d’une tempête hivernale. «Les conditions routières étaient vraiment difficiles. On roulait à peine à 30 km/h, par moments. Je lève mon chapeau à mon collègue. Il avait beaucoup de pression pour nous mener à bon port!», souligne-t-il.

 

Une intervention marquante

Au moment d’écrire ces lignes, M. Longpré était sans nouvelle de la famille. L’ambulancier aimerait bien lui reparler, puisque cette intervention est de loin la plus marquante de sa jeune carrière. «Un mois auparavant, je m’étais rendu dans une résidence pour un accouchement imprévu, mais le nourrisson était déjà dans les bras de sa maman à mon arrivée. Cette fois-ci, j’ai vécu tout le processus», confie-t-il.

«Dans notre travail, il y a plus souvent de mauvaises que de bonnes nouvelles. Notre quotidien est occupé par la maladie, des accidents et des gens en grande douleur. Parfois, on voit la mort, mais cette fois-ci, on a vu la vie. Cette intervention m’a fait grand bien, en plus d’être un bel accomplissement», conclut celui qui travaille chez Ambulance de l’Estrie depuis quatre ans.