Magog: une dernière visite dans la caserne de pompiers avant sa démolition
Une page se tournera bientôt chez les pompiers de Magog avec la démolition de la caserne principale de la rue Sherbrooke. Un endroit où il s’en est passé des histoires depuis sa construction il y a une quarantaine d’années.
C’est là où tout a commencé pour plusieurs, comme le chef aux opérations, Michel Boudreau, qui a été parmi les premiers pompiers volontaires à être embauchés à la fin de années 1980. À l’époque, un nombre restreint de sapeurs dormaient à la caserne dans un petit local à même le garage. Le reste du bâtiment servait de quartier général de la police de Magog et une consigne était claire: n’entre pas qui veut.
«On ne pouvait pas aller n’importe où pour ne pas entendre sur quoi travaillait la police, se souvient le chef Boudreau. Ça allait jusqu’à la cafétéria. Tant que des policiers s’y trouvaient, l’accès était interdit. Les portes principales étaient aussi sécurisées par un code. Il y avait une bonne cohabitation, mais on avait intérêt à respecter les consignes, surtout les plus jeunes.»
Malgré les murs qui séparaient les deux services, le travail des uns était parfois dérangeant pour les autres. Puisque le poste de police était muni de deux cellules, il n’était pas rare pour les pompiers de se faire réveiller en pleine nuit par un détenu turbulent. Les policiers pouvaient aussi être bruyants, à leur tour, notamment lorsqu’ils s’exerçaient dans la salle de tir. «Avec le nombre de trous qu’il y a dans les murs et au plafond de cette pièce, c’est facile de voir que beaucoup de balles ont été tirées ici. L’endroit devra même être décontaminé en raison de la présence de plomb. Disons qu’il n’y a pas beaucoup de casernes au Québec qui disposent d’une salle semblable», raconte-t-il.
Un autre élément qui disparaîtra dans la nouvelle caserne est la grande tour qui détonne du reste du bâtiment actuel. Il s’agit, dans le jargon, de la «tour à tuyaux». D’une hauteur d’environ 70 pieds, ce grand espace sert à faire sécher les boyaux à l’aide de ventilateurs. «L’escalier dans cette tour mène jusqu’à une trappe donnant sur le toit. Cet accès ne sert pas à grand-chose. Les escaliers sont surtout utilisés pour s’entraîner. Les 72 marches, on les toutes compter au moins une fois!», dit-il en riant.
Michel Boudreau avoue que la démolition de ce bâtiment rempli de souvenirs lui fera un pincement au cœur. Il s’agit pour lui, tout comme ses collègues de travail, de sa deuxième maison. «C’est sûr que ça va nous faire un petit quelque chose de voir ça à terre. C’est 28 ans de ma vie que j’ai passés ici. Mais en même temps, on avait besoin d’une nouvelle caserne. Ça ne sera pas un luxe, vraiment pas!», conclut-il.
Les travaux de démolition sont prévus au cours des prochaines semaines alors que le contrat a été accordé à la firme Trimco Construction. Dans son ensemble, le projet de nouvelle caserne est estimé à 5,5 M$. Elle sera d’une superficie de 21 000 pieds carrés et regroupera également les paramédics d’Ambulance de l’Estrie.