Magog se dit apte à protéger 30 % de son territoire d’ici huit ans

ENVIRONNEMENT. Dans la foulée des engagements pris à la COP15 de Montréal en matière de biodiversité, la Ville de Magog s’engage à conserver 30 % de son territoire d’ici 2030. Un objectif réalisable, aux dires de la mairesse Nathalie Pelletier.

Le conseil municipal a adopté une résolution en ce sens lors de sa dernière séance publique de l’année, en décembre. Outre le 30 % de protection, elle engage également la Ville à prioriser la préservation de la biodiversité dans la planification territoriale, à soutenir les projets d’aires protégées et à conserver «immédiatement, intégralement et durablement» les habitats des espèces en situation précaire.

S’ajoutent l’élimination complète des pesticides dangereux d’ici 2030 et favoriser l’accès à des milieux naturels pour les citoyens.

La Municipalité endosse aussi un autre élément de la résolution qui stipule que les «pouvoirs que les Villes possèdent en matière d’aménagement et de planification du territoire sont des acteurs incontournables de la préservation de la biodiversité».

UN DOUBLE DISCOURS?

L’adoption de cette résolution intrigue le citoyen Michel Raymond. Il estime que les élus tiennent un double discours en votant de grands principes environnementaux alors qu’ils autorisent, presque parallèlement, des constructions résidentielles et commerciales dans des boisés du territoire magogois.

Il cite l’exemple de la quincaillerie Canac, qui souhaite s’implanter sur la rue Sherbrooke, à deux pas du Walmart. Il s’indigne de voir l’Administration municipale prendre des décisions sans connaître toutes les conditions du terrain ni la présence de milieux humides à cet endroit. «Juste en marchant sur ce terrain, on voit bien qu’il y a bel et bien une zone humide, observe-t-il. Je suis convaincu qu’on pourrait protéger cette zone sans compromettre la construction.»

La mairesse lui réplique en disant que la Ville est responsable de l’émission des permis de construction tandis que le ministère de l’Environnement a la responsabilité d’autoriser les questions liées à son champ d’expertise. C’est aussi ce ministère qui analyse les demandes de destruction de milieux humides, comme ici dans le cas du Canac. Une réponse positive oblige cependant le promoteur à verser une compensation financière pour créer ou maintenir un milieu humide ailleurs dans la région. «On pourrait en effet plus se parler, mais il faut aussi se fier aux spécialistes en environnement», dit mme Pelletier.

Dans le dossier du Canac, elle rappelle que le terrain convoité est déjà situé dans une zone commerciale. Mme Pelletier ajoute que la Ville a imposé une zone tampon de 20 mètres de chaque côté du ruisseau Rouge. Une des deux zones humides est également conservée dans son intégralité.

Mme Pelletier rejette ces allégations d’incohérence à l’égard du conseil. «On fait beaucoup d’efforts, mais nos actions ne sont pas toujours visibles, ajoute-t-elle. J’assure la population qu’on devient beaucoup plus strict lorsqu’il est question de protéger un milieu humide d’importance ou de grand intérêt.»

«Il est également utopique de penser qu’on ne coupera plus aucun arbre, sinon on gèlerait toute forme de développement, prévient-elle. De grands défis environnementaux nous attendent en 2023, mais je crois qu’on va les relever en trouvant un équilibre entre l’environnement et l’économie.»

Les photos ci-dessous ont été prises sur le terrain convoité par Canac, en décembre dernier.