Magog recrute un chien amputé pour faire peur aux oiseaux
INUSITÉ. La Ville de Magog continue de faire preuve d’ingéniosité pour faire fuire les oiseaux aquatiques nuisibles dans ses parcs aux abords du lac Memphrémagog. En plus des oiseaux de proie qui sont utilisés depuis six ans, voilà qu’un chien bien particulier s’ajoute maintenant à l’équipe d’effaroucheurs.
Équinox a fait ses premiers «quarts de travail» en 2021 dans le cadre d’un projet-pilote en compagnie de sa maître et agente de gestion de la faune pour Environnement Faucon, Noémie Grimard. Une expérience qui s’est avérée suffisamment concluante pour faire appel à leurs services de façon permanente pour la saison estivale actuelle, à raison de six jours par semaine. Leur rôle est de faire fuir les oiseaux aquatiques qui font partie du cycle de la dermatite du baigneur.
Ce qui rend la situation encore plus originale est le fait qu’Équinox accomplit ses tâches sur trois pattes. «Je l’ai adopté dans un refuge et sans avoir de certitude, il s’agirait d’un boxer croisé. Quand il est arrivé là-bas, c’était un chien errant qui avait une patte fracturée. Malheureusement, ils ont été contraints de l’amputer à la patte arrière gauche. Mais à le voir aller, je peux vous dire que ça ne l’empêche pas de courir très vite!», assure Noémie Grimard.
FAIRE PEUR SANS BLESSER NI JAPPER
C’est d’ailleurs cette technique qui est utilisée pour faire peur aux oiseaux installés sur les berges du Memphré, plus précisément de la pointe Merry jusqu’à la plage des Cantons. Lorsque des bernaches s’y trouvent, par exemple, Noémie Grimard détache la laisse de son compagnon, qui décolle aussitôt à leur poursuite. Le tout se fait sans contact et sans jappement. «Le but n’est pas d’attraper et encore moins de blesser un oiseau. Équinox est entraîné comme si c’était un jeu grâce à du renforcement positif. Lorsqu’il réussit, il est super fier de lui et il revient vers moi pour jouer et recevoir des gâteries.»
L’un des défis pour le duo est de travailler dans un environnement très achalandé durant la saison touristique. Même si Équinox est très social avec les humains et les autres chiens, il porte sur lui un dossard indiquant avoir besoin d’espace pour travailler.
Une manière polie de faire comprendre aux gens qu’il n’est pas une mascotte. «C’est évident que les gens sont curieux. Ils viennent nous voir et posent des questions, notamment en raison de son amputation. On essaie juste d’éviter les attroupements en rappelant pourquoi on est ici. De plus, je suis consciente que c’est un parc avec beaucoup de passants, dont des personnes qui n’aiment pas les chiens. Je ne vais donc pas le détacher n’importe où et n’importe quand», précise la responsable.
Un horaire atypique
Celle qui possède une technique en santé animale et une formation spécialisée en fauconnerie précise que les moments-clés de la journée pour faire fuir les oiseaux sont bien souvent à des moments très tranquilles dans le parc. Elle et son meilleur ami sont bien souvent les premiers arrivés le matin et parmi les derniers à partir. «Les oiseaux se réveillent à la première lumière du jour et dès qu’ils s’installent à un endroit, ils y restent pour la journée. Alors, souvent, je commence à travailler à 4 h du matin. C’est tôt, mais en même temps, je vois le lever du soleil et c’est magnifique! Sinon, ça se passe tard en soirée, quand les oiseaux se posent pour dormir.»
En plus de varier son horaire de travail, Noémie Grimard a bien d’autres outils dans son éventail pour surprendre ses «victimes». En plus de ses deux oiseaux de proie, qui sont efficaces dans les airs pour les goélands, elle peut recourir à un bateau téléguidé qui se veut le meilleur outil pour éloigner les canards. Elle dispose également d’un dispositif d’effarouchement auditif, qui produit un forte détonation similaire à un coup de fusil. Toutefois, elle assure l’utiliser que très rarement pour éviter des nuisances aux résidents des alentours.
«Pour que ça fonctionne, il faut varier les techniques et nos heures de présence. Sans quoi, les oiseaux vont s’y habituer. Je suis là depuis deux ans et déjà, je constate que les oiseaux sont un peu plus stressés à mon arrivée. Ils reconnaissent même ma voiture! Quand je me stationne, ils regardent aussitôt dans ma direction et dès que j’ouvre ma portière et qu’ils voient mon dossard jaune, ils prennent aussitôt la fuite», conclut-elle.
Précisons que tout au long de l’été, des statistiques sont comptabilisées en temps réel et un rapport d’analyse des résultats est transmis à la Municipalité à la fin de la saison.