Magog: les «rénovictions» ne représentent que la pointe de l’iceberg

HABITATION. Les premières «rénovictions» magogoises dévoilées sur la place publique préoccupent le Collectif du Quartier-des-Tisserands, qui craint déjà l’embourgeoisement d’un secteur bâti et longtemps habité par les travailleurs de l’ancienne Dominion Textile.

Le porte-parole de ce regroupement de citoyens, Daniel Faucher, lance l’alerte. Il réclame rapidement une réflexion sur l’avenir d’un quartier convoité par des promoteurs flairant un important potentiel de développement. Les gens d’affaires ont déjà les yeux tournés sur les impacts de la revitalisation de l’ancienne Dominion Textile.

Les résiliations de bail et le litige juridique impliquant la boutique Les Aubaines en folie ne représentent que la pointe de l’iceberg, estime M. Faucher (voir autre article). «À notre connaissance, il s’agit du premier cas de «rénovictions» à Magog, s’inquiète-t-il. Soyons vigilants, car le scénario risque fort de se répéter en raison de transactions immobilières récentes et à venir dans le quartier.»

Il applaudit les rénovations urbaines, mais pas à n’importe quel prix. M. Faucher admet l’importance de rénover et de sécuriser des bâtiments. Il s’inquiète plutôt des conséquences des rénovations majeures provoquant d’importantes hausses du prix des loyers.

Il ajoute qu’il s’agit du secteur magogois offrant les loyers les moins chers. Selon lui, les locataires ayant peu de moyens financiers seront chassés du quartier. Les conséquences étant de se faire déraciner, de changer de ville et de payer un autre loyer encore plus cher.

Ce phénomène d’embourgeoisement («gentrification» en anglais) inquiète le Collectif. «L’arrivée de gens plus aisés modifiera la mixité des gens et la composition sociale déjà sur place, dit-il. C’est comme si on leur disait que leur propre quartier ne leur convient plus.»

Voilà pourquoi il propose la création de logements sociaux ou abordables pour loger des gens et des familles à la recherche d’un toit à prix modique. Il insiste aussi sur une vaste réflexion sur l’avenir du quartier, tout en intégrant les conclusions dans le plan d’urbanisme.

«Résilier un bail et évincer un locataire pour des rénovations ne sont peut-être pas des gestes illégaux, mais des «rénovictions» peuvent parfois être honteuses», termine-t-il.

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