Les secours au féminin à Potton

SOCIÉTÉ. La Journée internationale des droits des femmes (8 mars) représente une occasion de célébrer celles qui inspirent et qui font preuve de leadership dans toutes les sphères de la société, comme au Canton de Potton avec son service des incendies, peut-être unique au Québec.

Cette équipe de 20 secouristes comprend 8 femmes pompières et/ou premières répondantes. Jumelée à l’expertise de tous et chacun, cette présence féminine dans un domaine traditionnellement masculin fait la fierté de toute la communauté.

Ils et elles sont appelés à toute heure du jour et de la nuit pour secourir des accidentés de la route ou des victimes d’arrêt cardiaque, par exemple, en plus de combattre des incendies aux quatre coins du grand Canton de Potton. Leur travail est primordial. Il consiste à stabiliser et à sécuriser des gens blessés, parfois très graves ou et sans signes vitaux, le temps que les paramédics arrivent.

Le thème de 2022, L’inspiration au féminin, prend encore plus son sens à Potton lorsqu’on s’aperçoit que ces femmes secouristes sont aussi des mères de famille et travaillent parfois à temps plein dans d’autres champs d’action.

Voici un court portrait de trois d’entre elles qui ont accepté de livrer leur témoignage.

Eve Milanovic

Eve Milanovic est première répondante à Potton depuis environ sept ans. Âgée de 48 ans, elle est très fière de secourir ses concitoyens en plus d’être membre d’un groupe de premiers répondants parmi les pionniers au Québec depuis environ 30 ans.

Elle a vu augmenter la présence féminine au sein d’une équipe masculine très ouverte d’esprit. À son avis, cette combinaison a fait grandir l’équipe, amélioré les interventions et créé une nouvelle dynamique appréciée des citoyens. « On se complète à merveille », apprécie-t-elle.

Eve Milanovic apprécie également de travailler dans une petite communauté, où les victimes secourues et soignées par les premiers répondants prennent le temps de les remercier quelques jours plus tard.

Elle jumelle cette aide d’urgence à sa tâche d’enseignante d’anglais (en droit, en affaires et en politique) à l’Université de Sherbrooke. Elle est également traductrice et réviseure. « C’est plus facile de répondre aux appels d’urgence lorsqu’on travaille à la maison, mais il y a toujours quelqu’un de disponible si je suis occupée », ajoute-t-elle.

Le secourisme est une affaire de famille, car son conjoint Alexandre Béchard fait partie de la même équipe à titre de lieutenant, de premier répondant et de pompier. « Il est techniquement mon supérieur à la caserne », rigole-t-elle.

Alexandra -Ducharme

Âgée de 27 ans, Alexandra Ducharme est première répondante depuis 5 ans et pompière depuis 3 ans. Elle cumule sa passion avec un emploi à temps plein à titre d’infirmière aux soins intensifs à l’Hôpital de Granby. « C’est très facile de jumeler ces deux emplois, car j’adore ça, confie-t-elle. J’ai juste à couper un peu dans mon sommeil. »

Porter assistance à ses concitoyens ne représente pas un travail pour elle. « La belle gang, l’adrénaline et la reconnaissance qu’on reçoit après avoir sécurisé un blessé me comblent énormément, partage-t-elle. C’est très gratifiant aussi de se faire remercier après des interventions. Ça compense pour le stress supplémentaire lorsqu’on porte assistance à des gens qu’on connaît, ce qui arrive souvent. »

Elle aime bien la « touche féminine » ajoutée à l’équipe, tout en spédifiant que les membres masculins expérimentés apportent aussi énormément à l’expertise du groupe et à la formation des plus jeunes en années de service.

Melissa -Harrison

Âgée de 40 ans, Melissa Harrison est première répondante depuis 7 ans. Cette mère de famille est la conjointe du lieutenant Jean-François Giroux, membre de la même équipe du service des incendies.

On dit de Melissa qu’elle est partout. En plus de secourir ses concitoyens, on la voit comme gérante à la station-service Shell, elle travaille aussi au bureau de poste et fait du bénévolat au sein de l’organisme La Ride de Filles. Cette sortie en motocyclettes a permis de remettre 233 000 $ à la Fondation du cancer du sein du Québec, l’an dernier.

Elle adore la complicité de l’équipe mixte des incendies de Potton. « Nos techniques sont assez similaires, mais on se démarque peut-être un peu avec notre côté maternel, quand le besoin ou le degré de détresse se fait sentir », résume-t-elle.

Connaître les gens secourus représente un atout à son avis. « On en donne plus naturellement et on voit rapidement leur reconnaissance et une sécurité accrue dans leurs yeux. »

Être première répondante représente presque une mission pour Melissa Harrison. C’est sa façon de remercier la communauté après que sa propre fille ait été secourue par des premiers répondants de Potton, il y a plus de dix ans, à la suite d’un sérieux accident de la route. « Je ne pourrai jamais suffisamment remercier ces gens », confie-t-elle en encourageant hommes et femmes à suivre leur formation en premiers soins ou pour devenir premier répondant.