Les policiers lancent une offensive contre les distractions au volant

 SÉCURITÉ PUBLIQUE. L’Association des directeurs de police du Québec (ADPQ), dont fait partie la Régie de police Memphrémagog, démarre une campagne de sensibilisation contre les distractions au volant. 

Par Xavier Demers, Icimédias

Le regroupement a entre autres publié une vidéo sur les réseaux sociaux rapportant le témoignage d’une policière du Service de police de Granby qui a été appelée sur les lieux d’un accident, possiblement causé par une distraction.

L’agente Catherine St-Jean a dû intervenir à la suite d’une collision frontale où une femme qui se rendait à son travail a perdu la vie. Un face-à-face fort probablement causé par une distraction.

 » J’ai su que c’était une mère de famille parce qu’en ouvrant le coffre à gants, il y avait des carnets de santé d’enfants, raconte-t-elle la voie empreinte d’émotion. En voyant ça, on savait qu’il y a des petits enfants qui ne reverront pas leur mère le soir. « 

Lors de cette opération nationale concertée du 6 au 12 octobre, qui s’inscrit également dans une campagne de valorisation de la fonction policière, l’ensemble des services de police de la province se joindront à Contrôle routier Québec pour bonifier les interventions et les activités de sensibilisation en lien avec la distraction.

STATISTIQUES

L’ADPQ a dévoilé que pas moins de 10 500 collisions ont été causées, du moins en partie, par des distractions au volant l’an dernier dans la province, une situation alarmante selon le président de l’Association, Pierre Brochet.

 » Ce sont des chiffres extrêmement préoccupants, martèle celui qui est également directeur du Service de police de Laval. Ça signifie qu’au Québec, par jour, il y a 28 collisions avec blessés ou mort qui auraient pu être évitées, n’eût été les distractions au volant. « 

Plus de la moitié des accidents avec dommages corporels ont eu pour cause une distraction au volant.

En Estrie, la situation n’est guère mieux alors qu’un total de 606 accidents avec dommages corporels légers, graves ou causant une mort étaient liés à une distraction au volant.

 » C’est énorme quand on y pense, commente la directrice du Service de police de Bromont, Sophie Roy. Ce sont des collisions qui pourraient, mais qui surtout devraient être évitées. « 

 » On peut penser qu’aujourd’hui il y aura quelques accidents sur le territoire de l’Estrie qui vont peut-être occasionner des blessures mineures, des blessures graves ou même la mort « , ajoute de son côté le directeur du Service de police de Granby, Bruno Grondin.

Mme Roy a d’ailleurs rappelé l’accident tragique qui a fauché la vie du policier Vincent Roy à Bromont, sur la route 139, en 2011.

 » Vincent Roy est mort en raison notamment d’une distraction. Il a fait le plus grand des sacrifices et nous ne l’oublierons jamais. Plus jamais un policier ne doit mourir en raison d’une distraction au volant. « 

MÉCONNAISSANCE DES DISTRACTIONS

Les différents directeurs de police rassemblés à Bromont, ce mercredi 4 octobre, pour lancer la campagne de sensibilisation ont indiqué que la population identifie encore mal ce que peut causer une distraction au volant.

Si l’utilisation d’un cellulaire lors de la conduite correspond à environ 38 % des distractions rapportées, le reste peut être causé par une multitude d’autres choses, que ce soit de manipuler l’écran de son véhicule, changer un poste de radio, manger, boire, ramasser un objet ou encore par un autre occupant du véhicule, comme un enfant ou un chien par exemple.

 » Certes, il y a le téléphone cellulaire, mais il y a bien d’autres comportements qui mettent à risque les usagers de la route, affirme le directeur du Service de police de l’Agglomération de Longueuil, Patrick Bélanger. Les nouvelles technologies qui équipent nos véhicules aujourd’hui sont certes très utiles, mais force est d’admettre qu’elles provoquent également chez les conducteurs des distractions et des pertes d’attention sur la route. « 

MÉTÉO

Les accidents liés à une distraction sont également plus fréquents lorsque le temps est plus clément.

De mai à octobre, la moyenne des cinq dernières années du nombre d’accidents liés à une distraction franchit la barre des 1150, alors que celle de janvier est d’environ 700.

Environ 70 % de tous les accidents liés à une distraction ont d’ailleurs lieu lors qu’il fait beau.