«Les plages de la côte est américaine sont plus attirantes que le taux de change»

VOYAGE. Le nombre de visiteurs entrant au Canada diminue depuis cinq ans, même si le taux de change demeure largement avantageux pour les Américains présents au pays. L’inverse est vrai aussi, car les plages de la côte Est américaine sont encore populaires auprès des Canadiens même si la valeur du dollar les désavantage.

1,4 million de personnes sont entrées au Canada en 2013 via les postes frontaliers de Stanstead situés sur les routes 55, 143 et 247. Ces statistiques diminuent chaque année pour atteindre 966 000 en 2018. Voilà ce que révèlent des données fournies par l’Agence des services frontaliers du Canada.

Le conseiller en commerce international, Pierre Harvey, ne s’étonne guère devant cette réduction, et ce, malgré le pouvoir d’achat des Américains lorsqu’ils débarquent au Québec. Il ne conseille même pas à l’industrie touristique de courtiser davantage de possibles visiteurs de la Nouvelle-Angleterre, car les Américains, qui traversent la frontière, préfèrent largement la région de Québec.

«On devrait plutôt mettre plus d’efforts pour attirer des entreprises manufacturières pour créer de l’emploi, suggère-t-il. Ne nous concentrons pas sur les grands centres urbains, car on peut facilement faire de bonnes affaires avec des villes plus modestes comme Concord, Burlington et Portland. N’oubliez pas que nous vivons près d’un bassin de population de 16 millions de personnes au sud de la frontière, sans compter la ville de New York.»

Président de Harvey International depuis 1999, il rappelle que les Américains sont un des peuples qui voyagent le moins au monde. «S’ils traversent la frontière, c’est pour découvrir la francophonie. C’est rare de voir un Texan passer par Stanstead, surtout que plusieurs Américains n’ont jamais traversé de frontière», de dire M. Harvey.

Et côté attraits touristiques, Pierre Harvey rappelle que la Nouvelle-Angleterre a aussi de belles montagnes, de magnifiques lacs, plusieurs centres de ski et de golf, des plages ensablées sur la mer et des températures plus chaudes. «On a quoi à leur offrir de plus?», se questionne-t-il.

 

Ne pas sous-estimer l’attirance des États-Unis

Étant lui-même un fidèle visiteur des chaudes plages de la côte Est américaine, Pierre Harvey comprend les touristes québécois d’ignorer le taux de change. Il pense aussi à une taxation moindre sur les achats ainsi qu’un prix de l’essence moins élevé qu’au Québec. «En calculant le taux de change, ça m’a coûté 79 sous du litre en dollar canadien en Virginie il y a quelques semaines», insiste-t-il.

Ces statistiques calculent le nombre de voyageurs entrant au pays, mais M. Harvey rappelle que la majorité d’entre eux sont des Canadiens qui reviennent en sol québécois après un séjour au pays de l’Oncle Sam. «Les entrées annuelles au pays sont en baisse, mais les mois de juillet et d’août demeurent de grandes périodes de pointe, détaille-t-il. Et ces entrées au pays concordent grosso modo avec le nombre de passages à la douane américaine de Derby en direction des États-Unis.»

Vérification faite auprès des statistiques, les vacanciers diminuent aussi en nombre pendant la période estivale. Il est passé respectivement 134 000 et 147 500 voyageurs en juillet et en août aux trois douanes de Stanstead en 2018. Il s’agit d’une réduction d’environ 50 000 personnes chaque mois, comparativement aux données de 2013.

La réduction du nombre de voyageurs touche également la douane de Highwater, au Canton de Potton. On y a calculé 169 000 personnes en 2013, comparativement à 120 000 l’an dernier.

Cette courbe suit celle du dollar canadien qui valait en effet autant que le dollar américain en 2012 et 2013, avant de connaître une baisse  jusqu’à 0,68 $ en 2016. Le huard se négocie aux alentours de 75 cents US depuis 2017.