Le directeur général de Magog se porte à la défense de ses employés

CIVILITÉ.  Le directeur général de la Ville de Magog, Jean-François D’Amour, fait une rare sortie publique afin de dénoncer le climat toxique avec lequel doivent composer les employés municipaux, qui sont la cible de propos haineux de la part des citoyens. 

Le grand patron sent le besoin d’intervenir en constatant que les cas de comportements irrespectueux, et parfois même violents, visant ses travailleurs sont pratiquement devenus monnaie courante. Que ce soit des insultes, des menaces verbales ou physiques, des tentatives d’intimidation ou l’utilisation d’un langage grossier; M. D’Amour a pratiquement tout vu et entendu, et ce, dans tous les départements de son administration. «C’est un phénomène qui a commencé avec la pandémie et les mesures sanitaires. On croyait que les gens étaient moins tolérants en raison de cette situation exceptionnelle et c’est pourquoi nous avons été, somme toute, très patients. Mais dans les dernières semaines, on a reçu une requête au Service Go qui était la goutte de trop qui a fait déborder, non pas le verre, mais bien la mer», image-t-il.

Ce message concernait des travaux de voirie pour lesquels le citoyen utilisait des mots grossiers pour non seulement qualifier le travail des ouvriers, mais aussi pour exiger des correctifs. Dans les derniers mois, d’autres situations sont même allées plus loin que des propos injurieux. Un signaleur routier s’est fait cracher dessus, un autre s’est fait littéralement foncer en sa direction par un conducteur enragé. 

Critiquer dans le respect

Dans un autre cas, la Ville a même fait appel à la Régie de police de Memphrémagog, qui a ensuite remis un constat d’infraction au citoyen concerné. «En plus de protéger mes employés et de leur offrir un environnement de travail agréable, mon rôle comme directeur général est d’offrir les meilleurs services aux citoyens. Mais pour y arriver, ça me prend des équipes mobilisées et non dévastées par des propos qui n’ont pas leur place.»

«On accepte la critique et s’il y a des travaux mal faits ou des problématiques, nous voulons le savoir pour nous améliorer comme organisation, poursuit-il. Tout se dit, mais c’est dans la façon de le faire. Ce n’est pas parce que les contribuables paient des taxes qu’ils ont tous les droits.»

Fini la tolérance

Jean-François D’Amour rappelle que ce «problème sociétal» dépasse les frontières magogoises puisque bien des secteurs de l’économie en sont victimes. Même s’il ne possède pas de solutions miracle, il entend faire son maximum dans son champ de compétences pour briser cette lourde tendance. «Dorénavant, pour le Service Go, nous traiterons seulement les demandes signées en bon et due forme et au besoin, si un message contient du contenu inacceptable, nous exigerons qu’il soit reformulé. Sur le terrain, nos équipes peuvent prendre des photos à titre de preuve, si elles sont témoins de comportements répréhensibles. Et au besoin, il y a toujours le service de police qui peut intervenir. La tolérance et la patience, c’est terminé», conclut le fonctionnaire.