L’aventure d’une vie en Thaïlande pour une famille de Magog
ADOPTION. Le moment que les Magogois Philippe Brault et Julie Villeneuve attendaient depuis si longtemps s’est finalement concrétisé au cours des dernières semaines alors qu’ils sont allés chercher leur fils adoptif en Thaïlande, après plus de sept ans de démarches.
Au début janvier, le couple avait reçu la bonne nouvelle voulant qu’ils étaient, officiellement, parents d’un petit garçon âgé aujourd’hui de 17 mois. Toutefois, après les réjouissances, l’heure était à l’organisation puisqu’ils devaient préparer le grand voyage pour aller le récupérer dans un orphelinat, situé à plus de 13 000 kilomètres d’ici. « Quand on est atterri le 19 mars à Bangkok, il nous a fallu quelques jours pour se reposer, car on devait prendre un deuxième vol pour se rendre à l’orphelinat. Nous avions tous l’estomac noué tellement le stress était intense, par crainte qu’un imprévu vienne tout gâcher. C’était à la fois réel et irréel d’être enfin là-bas, après tout ce temps », raconte Julie Villeneuve, qui a aussi fait le voyage avec sa fille Lili (6 ans) et ses parents.
La première rencontre avec Louka a eu lieu le 22 mars. Les Québécois étaient assis dans une salle de l’orphelinat lorsque la vedette du jour est arrivée, aux côtés de ses nounous. Ce fut un premier moment pour faire connaissance, malgré les barrières de la langue et l’étrangeté de la situation. « Louka n’a pas été farouche et on s’est rapidement mis à s’amuser à quatre pattes par terre avec lui. Quand on a quitté l’orphelinat en sa compagnie, il souriait un peu, mais on voyait qu’il ne comprenait pas ce qui se passait. Il était comme en état de choc, avec raison. »
APPRIVOISER UN ENFANT INCONNU
Les prochains jours se sont ensuite passés entre les quatre murs de la chambre d’hôtel, un environnement calme qui était nécessaire pour faciliter la découverte de l’un et de l’autre. « Quand on adopte un enfant, c’est important de créer rapidement un cocon pour que l’enfant identifie qui sont ses nouveaux donneurs de soins. On ne voulait pas lui imposer des habitudes; c’était plutôt l’occasion de l’apprivoiser et de le connaître comme personne. À part quelques informations médicales, on ne savait rien sur lui, que ce soit ses goûts, ses intérêts, ses peurs, ses habitudes de sommeil, etc. »
À coups d’essais et d’erreurs, parsemés par des moments de pleurs et de fous rires, la famille a choisi de terminer son aventure thaïlandaise en se rendant à une destination paradisiaque du nom de Phuket. Une dernière escale d’un long périple à l’autre bout du monde, qui aura duré près d’un mois. « C’était tellement agréable de sortir de la ville et de respirer de l’air frais. En Thaïlande, le port du masque est obligatoire, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. De marcher en ville avec un masque à 40 degrés, c’était très étouffant », raconte-t-elle.
« On a aussi vite compris que c’était une première expérience à la plage pour Louka. Il n’aimait vraiment pas avoir les pieds dans le sable ni dans la mer. C’était la même chose pour la piscine ou encore le gazon. Il déteste les nouvelles textures, donc c’est un vrai bébé bras! », poursuit-elle.
STRESS, BONHEUR ET MAGASINAGE
Après un vol de retour très pénible, marqué par du camping sous les néons de l’aéroport lors d’une escale de 15 h à Francfort, le quatuor est revenu à Magog « complètement vidé », le 16 avril dernier. Malgré qu’une partie du stress était tombée, Julie Villeneuve explique que les premières semaines ont été tout aussi intenses émotivement. « Quand on adopte un enfant, on sait qu’il y aura des retards de développement; ça vient avec. Comme parent, on devient donc très attentif aux moindres faits et gestes de l’enfant. S’il réagit à une situation, on s’inquiète. S’il ne réagit pas, on s’inquiète autant. Après un mois et demi, cette pression est tombée et l’adaptation se passe bien pour tout le monde, dont pour ma fille Lili, qui est d’une grande aide et qui est si fière d’avoir un petit frère », souligne la Magogoise.
Au cours des prochains mois, la famille Brault doit poursuivre les démarches officielles afin d’obtenir la citoyenneté canadienne de Louka, qui a été accueilli au Canada grâce à un visa. Des rencontres avec une travailleuse sociale figurent aussi programme, tout comme quelques séances inattendues de magasinage. « On s’était fait donner plein de linge, mais finalement, rien ne lui fait! Louka est tellement minuscule. À 17 mois, il porte du 6-9 mois. Au moins, on se dit qu’il est habillé pour les trois prochaines années! », conclut la maman en riant.