La pertinence d’une nuit des sans-abri à Magog

ITINÉRANCE. Malgré les apparences réelles de richesse, la MRC de Memphrémagog observe une augmentation de personnes sans domicile fixe. Elles ne sont pas aussi visibles que les itinérants vivant dans les rues de Montréal, mais le milieu communautaire de la région a déjà rencontré 140 personnes se cherchant un toit pour dormir, et ce, depuis le début de l’année 2022.

Voilà pourquoi l’organisme Zone libre organise la 2e édition locale de la Nuit des sans-abri, qui se tiendra au parc des Braves de Magog, ce vendredi 21 octobre, dès 17 h. On profitera de cette soirée pour sensibiliser les Magogois à ce phénomène croissant.

Les chiffres sont jugés «alarmants». On craint même de terminer l’année avec des rencontres touchant 150 personnes différentes, comparativement à la moyenne annuelle de 100 par le passé. De plus, les travailleurs de rue de l’Équipe Ressources Relais cumulent 800 interventions en lien avec l’itinérance depuis dix mois.

La coordonnatrice de l’Équipe Ressources Relais, Annie Mathieu, lance un cri d’alarme. Elle voit cette clientèle changer pour devenir de plus en plus vulnérable. Avant la pandémie, c’était davantage des hommes de 50 ans et plus qui étaient de passage à Magog pendant la période estivale. Ils quittaient par la suite après avoir épuisé les ressources mises à leur disposition.

De plus en plus de femmes de la région

Depuis la crise sanitaire, ce sont surtout des femmes entre 30 et 50 ans qui sont à Magog sans domicile fixe. «Ce sont des femmes de classe moyenne de notre région qui se retrouvent sans toit, sans emploi et, parfois, aux prises avec de la violence conjugale», explique Mme Mathieu.

Elles ne dorment pas toujours dans la rue, mais elles se déplacent d’une ressource à l’autre, en passant par un motel, des logements d’urgence souvent plein ou chez leur entourage. Certaines échangent leur corps pour dormir sous un toit. 

Annie Mathieu vante les mérites du programme Solidarité Logement, qui offre deux appartements d’urgence à Magog. Ils sont malheureusement souvent occupés, privant parfois des femmes qui n’ont d’autres solutions que de retourner, parfois avec des enfants, chez un ex-conjoint violent. «Je connais une autre femme qui dort dans une remise avec une chaufferette. Et c’est à Magog que ça se passe», s’inquiète-t-elle.

La hausse du prix des loyers exacerbe cette problématique. Selon un relevé effectué par le milieu communautaire, le coût moyen pour se loger s’élevait à 1200 $ en septembre dernier, en excluant les unités plus luxueuses de plus de 2500 $ par mois. «C’est immense pour les petits revenus, surtout que la moyenne des loyers était même plus élevée à 1400 $ en juillet dernier, ajoute la directrice de Zone Libre, Émilie Paré. C’est même impossible de se trouver un toit avec le revenu d’entrée de base de l’aide sociale qui est de 740 $ par mois.»

Pour Émilie Paré, il est essentiel de trouver des solutions pour éviter que ces gens sans domicile fixe additionnent d’autres problématiques liées notamment à la consommation d’alcool et de drogues. «Et pour réduire les infections des maladies transmises par le sang, on donne de plus en plus de seringues propres pour éviter d’utiliser de l’équipement souillé et freiner les transmissions, ajoute-t-elle. On y observe aussi une hausse de cas, car nous avons déjà remis 910 seringues propres depuis sept mois. C’est beaucoup trop.»

Le thème de la 33e édition provinciale de la Nuit des sans-abri est «Sans toit, ni choix». Son objectif consiste à «sensibiliser la population à la pauvreté, à la désaffiliation sociale et à l’itinérance; c’est un moment de partage et de solidarité».

La programmation du parc des Braves débutera à 17 h avec diverses animations, témoignages, feu de joie et soupe populaire.