La moule zébrée prolifère dans le lac Memphrémagog

ENVIRONNEMENT. Les moules zébrées dans le lac Memphrémagog ont moins de trois ans, mais elles ont de quoi inquiéter. C’est que leur invasion est maintenant observable presque partout dans la Baie-de-Magog. L’espèce envahissante modifie l’écosystème, pouvant aller jusqu’à changer le goût de l’eau. Par Maryse Mathieu C’est un constat dévastateur qu’a présenté le Memphrémagog Conservation inc (MCI) en conférence de presse devant le lac Memphrémagog, au parc de la Baie-de Magog, le 23 juillet. «Le lavage des embarcations est un échec», a lancé Robert Benoit, président de l’organisme. Il interpelle tous les plaisanciers à procéder au lavage avant et après leur passage sur l’eau, dans l’une des cinq stations prévues à cet effet autour du lac. Des millions de larves Que ce soit une simple planche, une bouée ou un kayak, toute embarcation peut camoufler de minuscules larves de moules zébrées non-visibles à l’œil nu. «Une moule peut pondre jusqu’à un million de larves», alerte Isabelle Picard, biologiste au MCI. Il a été relativement facile de repérer des coquilles de ce mollusque, simplement en plongeant en apnée du 19 au 21 juillet dernier, à douze endroits différents. La plus forte densité de moules a été constatée à l’île à l’Aigle et à l’île Les Trois Sœurs. «Il y avait une moyenne de 4,8 moules par mètre carré, souligne la biologiste. Elles sont bel et bien établies dans la Baie-de-Magog et réparties un peu partout.» Les États-Unis insensibles Avec plus de 4000 bateaux recensés au Canada sur le lac Memphrémagog, sans compter ceux aux États-Unis, l’organisme MCI parle maintenant d’une bataille qui doit être collective, impliquant la MRC, les municipalités et tous les usagers. «Le tiers du lac est aux États-Unis et là-bas ils ne sont pas obligés de laver leurs embarcations», dénonce M. Benoit. Il a profité du moment pour annoncer que le MCI entreprendra dès septembre une tournée américaine de sensibilisation contre les moules et contre l’agrandissement du site d’enfouissement de Coventry, situé aux abords du lac. «On veut rencontrer les maires, les journalistes et les sénateurs», prévoit M. Benoit, déterminé. Il se dit horrifié de constater que la population du Vermont appuie le projet de la multinationale exploitant le site d’enfouissement. «On se bat contre un monstre! Les citoyens de Coventry ne paient aucune taxe municipale; c’est la compagnie qui paie. La Ville fait de l’argent avec ça (…) et les déchets s’en viennent au Québec, explique-t-il, scandalisé. Newport traite le lixiviat, mais leur usine n’est pas adéquate».