La leçon de courage d’Odélie
TRAITEMENTS. S’il est vrai que «la vérité sort de la bouche des enfants», ceux-ci ont également la capacité de nous émerveiller par leur courage, lorsqu’ils traversent des périodes difficiles.
Et du courage, la jeune Odélie Hinse semble en avoir à revendre.
Tout juste âgée de 3 ans, la pétillante petite Magogoise souffre d’un Sarcome d’Ewing, une forme de cancer des os, qui s’est attaqué à elle à l’automne.
Alors qu’elle vivait une existence des plus normales, la fillette s’est plainte il y a quelques mois de douleurs aux jambes. En deux semaines à peine, sa vie – et celle de son entourage – allait être complètement chamboulée. «Au départ, on pensait qu’il s’agissait seulement d’une poussée de croissance. Mais soudainement, elle était incapable de faire deux ou trois pas sans tomber. Après une série de tests à Sherbrooke et à Montréal, le verdict est tombé. Une tumeur maligne s’était logée dans le bas de sa colonne vertébrale», raconte son père, David Hinse, un enseignant de l’école secondaire de La Ruche.
Comme tous les parents qui sont confrontés à cette terrible réalité, M. Hinse et sa conjointe Karine Douillard (qui travaille à l’Espace 4 Saisons) ont été littéralement assommés par la nouvelle. «Il y a un sentiment d’incompréhension et de révolte, parce qu’on se demande toujours pourquoi ça nous arrive à nous», exprime le paternel
Malgré la gravité de la situation, la jeune famille ne reste pas au tapis très longtemps. Transférée à l’hôpital pour enfants de Montréal, Odélie amorce le premier de ses 40 traitements de chimiothérapie à la fin du mois de novembre.
Si elle perd ses cheveux, la fillette conserve cependant son sourire et sa bonne humeur. «On n’a pas eu le choix d’aller de l’avant. Chaque fois qu’on trouvait ça difficile, c’est elle qui nous donnait de l’énergie pour continuer», décrit son père.
Parallèlement, les parents mettent sur pied une page Facebook (le sourire d’Odélie) pour donner des nouvelles de leur fille, et prennent congé de leurs emplois respectifs.
Le soutien des proches et amis fait boule de neige. «On a reçu de nombreux témoignages d’encouragement et de l’aide de toutes sortes. Un soir, je suis rentré à la maison et quelqu’un avait fait mon sapin de Noël, parce que je n’avais pas le temps de m’en occuper. Ce fut tout un mélange d’émotions. Autant nous étions dévastés par l’arrivée de la maladie, autant nous avons été touchés par l’appui de notre entourage et de nos collègues de travail», affirme M. Hinse.
En route pour Boston
Bonne nouvelle s’il en est une, les premiers traitements de chimiothérapie ont touché la cible.
Selon une imagerie par résonnance magnétique effectuée en février, la tumeur située sur la vertèbre 14 perd du terrain. «Elle n’est pas totalement disparue, mais elle n’est plus visible. C’est très encourageant», reconnaît le père d’Odélie.
De concert avec les médecins québécois, on décide toutefois d’envoyer la jeune fille dans un hôpital de Boston au début de mars, pour y subir des traitements de protonthérapie. Elle y restera jusqu’à la fin du mois d’avril.
«Ces traitements sont complémentaires à la chimiothérapie et ils sont plus délicats pour les tissus des organes près de la zone à traiter», explique David Hinse.
Logée dans un appartement adapté pour les familles avec des enfants malades, la petite Magogoise ne tarde pas à charmer son nouvel environnement. «Lorsqu’elle était traitée à l’hôpital de Montréal, elle avait pris l’habitude de se déplacer en tricycle parce que c’était difficile pour elle de marcher. Lorsque nous sommes arrivés à Boston, je lui ai racheté un tricycle et elle l’utilise chaque fois pour se rendre à l’hôpital. Les gens sont plutôt amusés quand ils la voient se promener sur les étages avec son vélo à trois roues.»
En raison des contraintes familiales – le couple a aussi un autre fils de 6 ans – , David Hinse et Karine Douillard se partagent le séjour à Boston, à raison d’une semaine chacun à tour de rôle.
Lors de sa prochaine visite à Magog, l’enseignant de La Ruche ira sans doute faire un tour sur son lieu de travail, d’autant plus que sa fille a été nommée symboliquement présidente d’honneur de la Collecte de sang qui est organisée par les élèves du programme de santé globale et qui a lieu à cet endroit, ce mercredi 11 avril.
«Ce que font les élèves et les enseignants, c’est très important. Il y a trois ans, c’est la petite fille de ma collègue Nellie Grenier (Justine) qui avait été présidente d’honneur et ça m’avait beaucoup touché. Ironiquement, je me retrouve dans la même situation qu’elle aujourd’hui. C’est un peu cliché, mais c’est vrai quand on dit que la vie ne tient pas à grand-chose», conclut M. Hinse.