«La dynamique a changé avec l’arrivée de Jean Charest»

LIBÉRAL.Selon l’ancien député d’Orford et ex-président du Parti libéral du Québec, Robert Benoit, la dynamique de sa formation politique a beaucoup changé avec l’arrivée de Jean Charest en 1998.

M. Benoit n’a pas mis en boîte, ni accusé son ancien chef concernant le financement illégal ciblé par la Commission Charbonneau depuis quelques jours. Il a cependant cité l’exemple de quelques cas ayant semé l’inquiétude dans son esprit. «J’ai rapidement vu arriver des gens de la firme Everest dans l’entourage de M. Charest, ces mêmes gens qui ont défrayé les manchettes lors du scandale des commandites», se rappelle-t-il.

Un déjeuner de financement a également retenu l’attention de M. Benoit au lendemain de son arrivée avec Parti libéral. «Il a amassé 500 000 $ en une demi-journée. D’autres rencontres similaires ont suivi. On s’est dit qu’il était très organisé», se souvient-il.

Robert Benoit a aussi parlé de l’arrivée de Marc Bibeau, le grand argentier du PL, dans l’entourage immédiat de Jean Charest, en 2003. «Son nom a circulé au parlement. Ça m’intriguait, car je ne le connaissais pas. Tous les députés l’ont rencontré individuellement lors d’un caucus préélectoral pour se confesser. Il m’a dit que je devais amasser beaucoup d’argent au lac Memphrémagog si je voulais me représenter, mais j’avais déjà décidé de ne pas solliciter de mandat. Il m’a même dit que je devais amasser de l’argent si je voulais être nommé quelque part. Je n’ai rien fait et je n’ai pas été nommé à nulle part», a-t-il expliqué.

M. Benoit n’a pas apprécié, non plus, apercevoir ce même Marc Bibeau assis aux côtés de Jean Charest le soir de son élection comme premier ministre du Québec, en 2003. «Cela a donné un étrange signal, surtout que je n’ai jamais vu cet homme de toute ma carrière en affaires et en politique», a-t-il dit.

Sa relation avec Jean Charest a également été questionnée par deux avocats, incluant le procureur du Parti libéral. M. Benoit a confié qu’il a largement appuyé la candidature de M. Charest pour devenir chef de sa formation politique. Cependant, il admet que la saga du Mont-Orford a créé un schisme, car les deux politiciens ne partageaient pas le même avis sur la construction de condos dans le parc national.

Il est tout de même demeuré loyal au PL jusqu’en 2010 où sa formation politique refusait toujours de créer une commission d’enquête sur la construction. «Je n’avais pu d’affaire là.»

Pendant son témoignage, M. Benoit a insisté pour dire qu’il a été un président très sévère pendant son mandat à la tête du Parti libéral (1985-1989), et ce, pour éviter les magouilles.

Robert Benoit a témoigné devant la Commission Charbonneau le 19 juin à titre d’ancien président du Parti libéral, d’ex-député d’Orford (1989-2003) et d’ancien adjoint parlementaire au premier ministre Robert Bourassa.