Ils achètent un immeuble pour loger gratuitement des Ukrainiens
Un couple en affaires à Magog achète un immeuble à logements pour loger gratuitement des réfugiés ukrainiens et pour combler son besoin en main-d’oeuvre.
Benoit Brouillard et Marie-Josée Hince sont les copropriétaires des résidences pour personnes âgées (RPA) Le Manoir Victoria et Les Jardins Pinecroft. Ils ont acquis un immeuble avec sept logements et une petite maison situés en face du Manoir Victoria, un établissement érigé sur la rue du même nom.
L’objectif consiste à loger des employés étrangers, incluant des réfugiés ukrainiens qui travaillent déjà ou qui travailleront dans l’une ou l’autre des RPA. Deux petites familles sont installées depuis quelques semaines à peine, tout en travaillant déjà pour M. Brouillard et Mme Hince. Il s’agit de Liudmyla Bilych et de sa fille de 13 ans. Le couple Ahmad et Nataliia Alabed, ainsi que leur fils de 7 ans, peinturent le logement en plus d’être déjà sur la liste de paie des employeurs.
Une troisième famille de cinq enfants arrivera au début du mois de novembre. Le père sera mécanicien à Magog, tandis que la mère infirmière travaillera au Manoir Victoria.
Redonner au suivant
Outre l’investissement pour l’acquisition des propriétés, le couple Brouillard-Hince souhaite redonner au suivant en aidant des Ukrainiens fuyant la guerre. «Oui, ça nous rend service pour trouver des employés qui se font rares, mais nous apprécions aussi le fait qu’on les aide à trouver un peu de paix d’esprit, tout en facilitant leur accueil dans un pays étranger», témoigne Benoît Brouillard.
Les propriétaires des deux résidences offrent gratuitement le logis pendant quelques mois, le temps que les nouveaux arrivants s’organisent et apprennent le français. Les immigrants sont déjà payés pour leur travail au sein de l’entreprise. La mobilisation et l’entraide ont même gagné les autres employés, dont une dizaine proviennent de pays étrangers. Une Ukrainienne travaille déjà sur place, ce qui facilite l’intégration et la communication.
Un élan de solidarité
«Le milieu communautaire s’est également mis de la partie pour donner des vêtements, des bons d’achat, ainsi que pour meubler et équiper les logements vides, ajoute Marie-Josée Hince. Cet élan de générosité est formidable, surtout que ces réfugiés débarquent du jour au lendemain dans une nouvelle ville et avec très peu de bagages.»
Les trois adultes semblaient sereins et très reconnaissants envers leur «famille d’accueil» lors du passage du Reflet du Lac. Ils souriaient malgré des proches au champ de bataille ou toujours prisonniers des bombardements qui explosent sans prévenir. «On parle peu de la guerre, car on se concentre sur leur intégration, enchaîne Mme Hince. Eux aussi demeurent discrets, sauf au moment où Poutine a annoncé qu’il recrutait 300 000 réservistes russes pour poursuivre sa guerre en Ukraine. Ça a déstabilisé Liudmyla, avec raison, elle qui a laissé un mari et deux fils à la guerre.»
Quant au couple Alabed, il a un enfant de 17 ans resté au pays. Il tente de l’amener au pays pour réunir la petite famille.
D’ici Noël, deux Tunisiennes pourraient rejoindre leurs soeurs actuellement actuellement à l’emploi du Manoir Victoria et des Jardins Pinecroft. D’autres étrangers devraient arriver d’ici un an pour occuper tous les logements de l’immeuble.
La barrière de la langue
Les Ukrainiens reçoivent peut-être rapidement leur visa de travail pour vivre au Canada, mais ils doivent néanmoins suivre des cours de francisation pour fonctionner dans la communauté et se faire comprendre au travail. Les deux enfants arrivés à Magog doivent également relever le défi de la langue, que ce soit au primaire ou au secondaire. Ils viennent tout juste d’arriver, mais ils sont déjà sur les bancs d’école à temps plein.
«Ils s’intègrent très bien et on continuera à les épauler tant et aussi longtemps qu’ils le souhaitent, résume le couple Brouillard-Hince. On cheminera avec eux en fonction de leurs connaissances et de leurs expertises. Certaines qui sont infirmières ou ayant de l’expérience avec les aînés pourront devenir préposées pour s’occuper de nos 226 résidents.»