Hassan Laramée, artiste populaire malgré lui

ART. Lorsque Hassan Laramée a complété un premier dessin avec  sa bouche il y a un peu plus d’un an, il était loin de s’imaginer que cette passion le mènerait un jour à exposer ses œuvres. Et pourtant, cet ancien athlète cloué à un fauteuil roulant a été bien malgré lui l’une des attractions des dernières Correspondances d’Eastman, alors qu’il était en vedette à la Galerie d’art La Station. Sur place durant quatre jours pour y présenter une dizaine de ses œuvres, il a vu presque toute sa production trouvé preneur, à sa grande surprise. «Ce fut l’une des plus belles expériences de ma vie. J’ai rencontré une foule de gens, dont plusieurs que je ne connaissais pas, et ils étaient tous intéressés par mon travail. C’était exténuant, mais très gratifiant», a expliqué celui qui est devenu tétraplégique à la suite d’un accident de vélo de montagne, il y a 11 ans. «J’étais en exposition en même temps que les œuvres de Dany Laferrière (l’auteur à succès). Mais comme il n’était pas présent, j’ai sans doute eu droit à plus d’attention», suggère-t-il sur un ton amusé. Limité dans ses mouvements en raison de son état physique, Hassan Laramée doit mettre passablement de temps pour réaliser un dessin… tout en espérant que l’inspiration soit au rendez-vous. Lorsque les propriétaires de La Station lui ont lancé l’invitation en juin dernier, il craignait de manquer de matériel. «J’avais six ou sept œuvres à présenter, mais il m’en fallait une dizaine. J’avoue que je me suis mis un peu de pression pour réussir à faire mes derniers tableaux à temps», reconnaît-il. Bien qu’il soit ouvert à répéter l’expérience, l’artiste de 32 ans veut éviter de brûler les étapes. «Avant de coucher quelque chose sur papier, je dois réfléchir aux thématiques que je veux aborder. Chacun de mes tableaux est inspiré d’un message de vie et je veux continuer dans cette veine. Certaines personnes m’ont fait des demandes pour réaliser des œuvres plus précises, mais ce sera sans doute difficile. Je ne suis pas très à l’aise à travailler sur commande», laisse-t-il entendre. «Et je ne veux pas que les gens se tannent. J’aime mieux les faire attendre et mettre le temps nécessaire pour présenter un produit de qualité», conclut l’ancien joueur de basket. Une nouvelle maison bigénérationnelle Demeurant chez ses parents depuis son accident de 2007, Hassan Laramée a retrouvé un peu d’autonomie il y a quelques mois lorsque la famille a déménagé dans une nouvelle maison de type bigénération.

Hassan Laramée profite d’un peu plus d’autonomie avec son déménagement dans une maison bigénérationnelle, dans un secteur boisé d’Eastman.
L’homme de 32 ans a maintenant ses propres quartiers dans un logement adapté, adjacent à la résidence de ses parents. «C’est beaucoup plus facile pour mes déplacements dans la maison et ça augmente l’intimité de tout le monde. Je peux même partir une couple d’heures avec mon fauteuil et me promener dans les rues avoisinantes», se réjouit-il. «Et c’est vraiment très beau ici, puisqu’on est pratiquement en pleine nature», a-t-il ajouté.