Fléau des vols d’essence: un casse-tête pour les stations-service

MAGOG.  Propriétaire du Petro-Canada au coin des rues Sherbrooke et Saint-Patrice, Marie Paré soutient que les vols d’essence sont monnaie courante dans son industrie, et ce, depuis plusieurs années. 

En moyenne, elle estime être confrontée à ce type de situation au moins une fois par semaine. Mais c’est sans compter tous ceux et celles qui oublient de payer… ou qui le prétendent après s’être fait pincer. «C’est un vol qui est non seulement facile à faire, mais c’est aussi très facile de trouver une excuse. Si une personne me dit que c’est un oubli, je n’ai aucune preuve que c’était volontaire et qu’elle espérait simplement ne pas se faire prendre. Au final, il n’y a pas de conséquence et les gens malhonnêtes en profitent et s’essayent», est d’avis la femme d’affaires.

Mieux équipé, mais tout aussi compliqué

Cette gestion est également coûteuse pour Marie Paré, qui a investi plus de 30 000 $ en caméras de surveillance à sa station service magogoise. Malgré un système à la fine pointe de la technologie, le taux de résolution des factures d’essence non payées ou oubliées demeure bien bas par rapport aux efforts investis pour les résoudre. « Il y a ceux qui cachent ou enlèvent délibérément leur plaque d’immatriculation avant de faire le plein, qui sont plus difficiles à retracer. Pour les autres, on arrive souvent à les retrouver, notamment en partageant des images et vidéos sur Facebook. Mais pour chaque vol ou oubli, il faut mettre beaucoup d’énergie pour entreprendre des démarches avec la police. C’est très lourd comme processus pour récupérer, bien souvent, des sommes aussi ridicules que 20 $.»

Un changement qui fait des mécontents

Récemment, le Groupe Paré, qui possède une vingtaine de dépanneurs, a choisi d’obliger le prépaiement obligatoire à toutes ses adresses dotées de pompes. Un système qui est implanté depuis longtemps chez nos voisins du Sud, mais qui demeure moins répandu au Québec. «On y a pensé longtemps avant de le faire. Comme entreprise, je préfère que les clients entrent dans le dépanneur après avoir mis de l’essence, dans l’espoir qu’ils achètent autre chose. Mais c’était devenu trop lourd à gérer pour nos employés, qui sont déjà à bout de souffle avec la pénurie de main-d’oeuvre. Je préfère leur enlever ce stress et leur offrir un environnement plus simple», soutient la propriétaire.

Cette dernière ne cache pas que cette nouvelle façon de faire est loin de faire l’unanimité et bien des clients ne passent pas par quatre chemins pour s’en plaindre. «Ça chiale beaucoup et malheureusement, ce sont nos employés qui en subissent les conséquences. On doit même intervenir parfois quand les gens vont trop loin avec des commentaires qui sont carrément inacceptables», conclut Mme Paré.