Deux Ukrainiens adoptent le Canton d’Orford comme terre d’accueil

INTERNATIONAL. Le Canton d’Orford compte désormais sur deux nouveaux citoyens. Un couple ukrainien a choisi une famille de cette petite municipalité de la région pour s’éloigner de la guerre qui frappe toujours leur pays d’origine. Liliia Mohylna et Dmytro Voitenko habitent chez Jean-Marie Beaupré depuis le 17 septembre. 

Ils planifiaient des vacances en Thaïlande quand le pays se préparait à affronter l’invasion russe. Ils ont quitté presque au même moment que le déclenchement officiel de la guerre, en février dernier. Ils ont donc séjourné sept mois en Thaïlande avant de prendre un long vol de 27 heures, voire 35 heures avec les retards, pour le Canada.

Ils n’ont jamais pu rejoindre physiquement leur famille ni leur entourage pendant leur séjour en Asie du Sud-Est. Avec un compte en banque qui diminuait sans cesse, ils cherchaient une terre ou une famille d’accueil sans hypothéquer leur avenir financier. Un refuge en Europe coûtait une fortune. Ils ont fait la connaissance de Jean-Marie Beaupré par le biais d’un groupe sur les réseaux sociaux. 

Ce résident de longue date au Canton d’Orford, qui a notamment été directeur général de cette Municipalité, les a invités à séjourner gratuitement chez lui et sans aide du gouvernement, le temps qu’il faudra. Après un mois d’échanges, il est allé les cueillir à l’aéroport de Montréal avant de les amener à son domicile, où il vit avec son fils de 16 ans, Noah. 

Donner au suivant

« Oui, c’était un coup de dés, car je ne les connaissais même pas, confie-t-il. Cette guerre est tellement injuste, et je ne pouvais rester les bras croisés sans rien faire. La vie a été bonne pour moi avec une grande maison, de l’espace et du temps à donner au suivant pour les aider. C’est la moindre des choses et notre cohabitation démarre très bien. »

M. Beaupré transporte au besoin le jeune couple de 25 ans, tout en l’aidant à remplir la paperasse administrative. Il l’a accompagné dans sa recherche d’emploi, qui s’est récemment conclue avec deux embauches au Manoir des Sables, soit deux semaines seulement après son arrivée en sol canadien.

La communication s’améliore sans cesse grâce au traducteur automatique de Google, qui traduit presque instantanément une question en français en ukrainien, et vice versa. Liliia et Dmytro maîtrisent également quelques mots en anglais pour faciliter les échanges quotidiens. Déjà après quelques jours, l’entraide était réciproque avec un souper déjà prêt au retour de Jean-Marie après une journée de travail.

En sécurité, mais l’ennui persiste

Le jeune couple apprécie chaleureusement l’accueil de Jean-Marie et de son fils Noah, tout comme le calme et la sécurité du Canada. Il confie néanmoins s’ennuyer de son pays natal, plus particulièrement de ses proches avec qui il garde un contact régulier.

Aucun décès dans son entourage, mais la plupart ont fui leur ville en raison des attaques. Le lieu de résidence (Krementchouk) du couple de réfugiés est situé au centre de l’Ukraine, là où un missile russe a détruit un centre commercial en juin, tuant une vingtaine de civils et blessant une soixantaine de personnes.

« Personne ne devrait vivre ces situations, déplore Dmytro. Nous étions très inquiets à distance, surtout lorsque des gens qu’on connaît devaient se réfugier pendant des heures dans un sous-sol lorsque des alarmes survenaient pour se protéger des missiles et des tirs de roquette. »

Heureusement pour eux, personne de l’entourage n’est décédé ni blessé sérieusement.

Le couple peste contre la désinformation des Russes, qui ont dressé leur peuple contre les Ukrainiens depuis quelque temps déjà. «Pire, cet ancien pays voisin et amical est devenu un ennemi et un conquérant appuyé par une grande majorité de citoyens russes. C’est décevant de voir un voisin jaloux vouloir nous capturer », témoignent Liliia et Dmytro avec inquiétude.

Le jeune couple garde la porte ouverte pour un éventuel retour, tout en sachant qu’il sera très difficile de fouler de nouveau l’Ukraine en 2023. Le premier objectif était est de trouver un travail qui lui convient, ici ou ailleurs, le temps de s’intégrer.