Des riverains de Magog contestent des hausses de taxes allant jusqu’à 141%

TAXATION. Des contribuables riverains au lac Memphrémagog digèrent toujours mal leur hausse de taxes municipales qui varient de 40% à 141 %.

Ils viennent de créer l’Association des riverains, qui regroupe jusqu’à maintenant 60 propriétaires magogois situés autour du lac Memphrémagog. Leur objectif consiste à se mobiliser pour réduire une «facture salée», et qui risque de poursuivre sa courbe en raison du boom immobilier toujours actif.

«Nous n’habitons pas tous dans des châteaux et nous sommes acculés au mur, se désole la présidente Jennifer Alleyn. Ces augmentations abusives et inéquitables équivalent à des évictions économiques pour plusieurs membres de notre regroupement.»

Mme Alleyn insiste sur le fait que les propriétaires riverains n’ont pas tous les moyens financiers pour payer de telles hausses du jour au lendemain. Dans son cas, son compte de taxes a bondi de 8000 $ à 16 000 $. «Je suis travailleuse autonome et je vis dans un petit chalet acheté par mon défunt père en 1976», ajoute-t-elle. 

Un bond de 141%

Le cas le plus extrême est le propriétaire qui a écopé d’une augmentation de 141%, ce qui représente un saut de 9000 $ à 22 000 $ en taxes.

Elle invite la Ville de Magog a faire preuve de créativité pour dénouer l’impasse, même si le conseil municipal dit avoir les mains liées par des lois provinciales dans ce dossier touchant les rôles d’évaluation foncière. Mme Alleyn cite l’exemple d’un fonds spécial ou de crédits pour des services municipaux non reçus. «Une facture de 16 000 $ devient très élevée pour des contribuables qui paient pour l’entretien et le déneigement de leurs routes, spécifie-t-elle. La collecte des déchets est l’unique service municipal, car nous n’avons pas d’aqueduc ni égout.»

Elle suggère à la Ville, ainsi qu’au gouvernement québécois, d’imiter des formules d’atténuation, telles qu’adoptées notamment en Floride, au Nouveau-Brunswick et en Colombie-Britannique. À ces endroits, les taxes sont calculées en fonction du prix de vente et non pas sur la valeur marchande. «Il faut modifier ces règles inadéquates pour que des familles enracinées depuis des décennies conservent leur patrimoine, insiste-t-elle.

Mme Alleyn chiffre à 3,5 millions de dollars la somme totale des taxes versées par les 300 propriétaires riverains et magogois au lac Memphrémagog. Cette somme a doublé en un an. «Je crois que les Municipalités sont flexibles avec ces revenus à la hausse, qui s’ajoutent aux millions annuels provenant des droits de mutations immobilières», poursuit-elle.

L’Association des riverains pourrait élargir son nombre de membres à d’autres lacs estriens et provinciaux, au besoin. La bataille commence au niveau local, mais Jennifer Alleyn songe à mobiliser ses troupes jusqu’à Québec.

Mme Alleyn est accompagnée d’Allan Smith et de Guylaine Raby à la direction du regroupement. Information au allan.smith@umtl.ca

Aucune marge de manoeuvre à l’Hôtel de Ville

La mairesse de Magog, Nathalie Pelletier, comprend leurs inquiétudes. Elle assure que la Ville n’a aucune latitude dans ce dossier. Elle hésite à prendre des mesures, qui pourraient être inéquitables pour les autres contribuables magogois. 

Mme Pelletier ouvre timidement la porte à un possible étalement de paiements. Elle invite les membres de cette association à la rencontrer pour tenter de trouver une solution, même si le problème est provincial.