Dépotoir: une bonne et une mauvaise nouvelle à Newport

ENVIRONNEMENT. Beaucoup de rebondissements dans les derniers jours chez nos voisins américains. Le lieu d’enfouissement de déchets de Coventry, au Vermont, a obtenu l’autorisation de s’agrandir, mais son lixiviat (ce qu’on peut considérer comme du jus de déchets) ne sera plus traité à Newport. Vendredi dernier (12 octobre), l’Agence des ressources naturelles du Vermont a donné l’aval au projet d’agrandissement du dépotoir appartenant à la New England Waste Services of Vermont (Casella). Ce lieu préoccupe depuis belle lurette élus et écologistes en raison de sa proximité avec la baie Sud et la rivière Black (un important tributaire du lac Memphrémagog) et le lac Memphrémagog (source d’eau potable pour environ 170 000 personnes en Estrie, dont Magog et Sherbrooke). Le président du Memphrémagog Conservation Inc. (MCI), Robert Benoit, ne peut se permettre de rêver en couleur en visant la fermeture du site. Toutefois, il invite les décideurs et les politiciens à accentuer la pression pour renverser cette décision. «J’ai su qu’un groupe de Boston songe à contester d’ici trente jours, mais il faut demeurer réaliste», prévient-il. L’impact de cet agrandissement est difficilement mesurable, surtout que M. Benoit et le député fédéral de Brome-Missisquoi, Denis Paradis, ne partagent pas les mêmes données. Selon M. Benoit, l’entreprise Casella gère déjà 500 000 tonnes de déchets par année, soit l’équivalent de 71 000 camions annuellement. «L’agrandissement n’augmente pas cette capacité, aux dires de M. Benoit, mais prolonge la durée de vie du site de 20 ans.» Quant à M. Paradis, il s’offusque devant la possibilité de voir le volume de déchets enfouis à Coventry passer de 250 000 à 600 000 tonnes annuellement, «Je vous assure que je vais brasser la cage pour éviter que le triple de déchets y soit enfoui par année sur une période de 20 ans, surtout à deux pas d’un important bassin d’eau potable», peste-t-il. La région gagne la seconde manche La région a toutefois remporté une victoire lundi dernier (15 octobre) lors du conseil municipal de la Ville de Newport. Présents à cette séance publique, des représentants du MCI ont observé avec surprise les élus et le maire voter à l’unanimité pour arrêter immédiatement la réception, le traitement et le déversement de lixiviat dans l’usine de traitement de Newport. «C’est au-delà de nos attentes, lance-t-il. On doit cependant poursuivre le combat pour détourner ces rejets toxiques du lac Memphrémagog, car l’usine  de la Ville de Newport ne fait pas le travail. L’usine reçoit l’équivalent de deux camions de lixiviat par jour, c’est énorme.» La résolution des élus mentionne aussi que cette décision pourrait être révisée, mais seulement après une démonstration que le lixiviat n’a pas d’effet sur la santé du lac et des citoyens. Le MCI rappelle que ce «jus de poubelle» se compose de milliers de produits toxiques, polluants, médicaux, etc. Le pression régionale s’accentue Le nouveau député d’Orford, Gilles Bélanger, partage les appréhensions de la région. Il entend informer rapidement le futur ministre de l’Environnement à ce sujet afin d’accentuer les pressions. Il rencontrera bientôt la ministre fédérale Bibeau pour rencontrer rapidement le gouverneur du Vermont. «On doit viser zéro déchet ni rejet dans le lac», prévient-il. Lisette Maillé, qui préside le comité environnement de la MRC de Memphrémagog, rassure la population en disant que les élus travaillent déjà avec des avocats pour reconnaître le lac Memphrémagog comme bassin d’eau potable du côté américain, ce qui n’est actuellement pas le cas actuellement. C’est dans cette perspective à long terme qu’elle poursuivra les discussions avec ses homologues américains lors d’une prochaine visite à Newport, en compagnie de représentants de la Ville de Sherbrooke.