Dépanneur Bonhomme: «Carter» pour éviter de tout perdre

TABAC. Afin d’éviter une amende salée, un dépanneur de Magog n’hésitera plus à demander une pièce d’identité à ses clients qui semblent avoir moins de 25 ans et qui désirent acheter des produits du tabac. Les amendes les plus élevées pour vente aux mineurs peuvent atteindre 125 000 $.

L’un des copropriétaires du dépanneur Bonhomme, David St-Pierre, est d’avis que la vente de tabac aux mineurs mérite une sanction, mais il considère que les amendes potentiellement encourues sont trop élevées. «L’amende de 125 000 $, je ne sais pas si le gouvernement irait jusqu’à l’appliquer, mais ça reste dans la tête. C’est un danger qui guette tous les commerçants. Désormais, tu ne dois pas hésiter à demander une pièce d’identité, quitte à avoir l’air ridicule, car tu peux tout perdre pour un paquet de cigarettes», laisse-t-il entendre.

Le père de David, Jacques St-Pierre, a acheté en 2005 le dépanneur situé sur la rue Calixa-Lavallée. Aimant le contact avec le public, son fils et lui ont toujours travaillé dans le domaine de l’alimentation et du service à la clientèle. M. St-Pierre croit cependant que le gouvernement devrait prendre des mesures pour aider les propriétaires de commerces à respecter la loi. «Quand le gouvernement adopte des lois, il devrait prendre ses responsabilités plutôt que de nous les donner. Pour s’y faire, un système de carte obligatoire devrait être implanté», suggère-t-il.

Selon ces derniers, qui veulent surtout sensibiliser leur clientèle au phénomène, les confrontations avec les clients qui ne collaborent pas sont fréquentes et stressantes pour les employé(e)s, qui peuvent eux aussi recevoir une amende en cas de vente à un mineur. «Si c’était toujours les propriétaires qui étaient derrière la caisse, ce ne serait pas un problème, mais la jeune caissière de 16 ou 17 ans, elle craint de se faire chialer après, ou même de se faire agresser», de lancer Jacques St-Pierre.

Son fils abonde aussi en ce sens, renchérissant que bien des variables peuvent s’ajouter. «Si mes caissières décident de ne pas carter pendant une soirée parce qu’on s’est chicané, je ne peux rien y faire et c’est impossible que je sois toujours au magasin. De plus, sur l’heure du midi, on a parfois des centaines de jeunes qui passent. Si on ne carte pas, c’est clair qu’on va en échapper», explique-t-il, rappelant que son dépanneur est situé tout près de l’école secondaire La Ruche.

Dans sa démarche, David St-Pierre a envoyé un courriel à la mairesse de Magog, Vicki-May Hamm, au député d’Orford, Pierre Reid, au député de Brome-Missisquoi, Denis Paradis, ainsi qu’à la ministre provinciale Lucie Charlebois, en plus d’avoir publié un texte sur la page Facebook Dépanneur Bonhomme qui a été partagé à plusieurs reprises. «Ce n’est pas pour provoquer que je fais tout ça, mais plutôt pour faire comprendre au monde les conséquences qu’on risque, et que de sortir sa carte d’identité, il n’y a rien là», dit-il.

Malgré cet aspect du travail qui lui amène un stress supplémentaire, David St-Pierre aime beaucoup son emploi. Il prend d’ailleurs tranquillement la relève de son paternel au sein de l’entreprise. «C’est toujours plaisant de côtoyer les gens. C’est un petit dépanneur de quartier, alors on voit souvent les mêmes personnes et on vient qu’à les connaître personnellement. C’est beaucoup d’heures de travail, mais on fait ça en famille et il y a toujours une belle ambiance», fait-il valoir.

Rappelons que les trois seules pièces d’identité acceptées par la loi sont la carte d’assurance maladie, le permis de conduire et le passeport.