Comment la MRC de Memphrémagog peut-elle se démarquer sur le plan de l’achat local?
ACHAT LOCAL. L’économie locale est importante pour tous. Elle prend forme de plusieurs façons et diffère d’un commerçant à l’autre. Jean Roy, directeur du département de marketing et coresponsable de la maîtrise en communication marketing de la faculté d’administration de l’Université de Sherbrooke, nous éclaire sur ce sujet en répondant à nos questions.
De quelle manière la MRC de Memphrémagog dans son ensemble se démarque-t-elle sur le plan de la consommation?
Ce qui la caractérise, c’est qu’elle est une zone touristique. Les produits offerts sont donc associés à l’industrie touristique, que ce soit les hôtels, la restauration, les spectacles et l’alimentation. On peut y ajouter également les producteurs locaux et les maraîchers.
Peut-on freiner les fuites commerciales, par exemple éviter que les gens aillent acheter leurs produits dans un grand centre?
Sur le territoire de la MRC, il y a différents types de résidants, donc différents types de consommateurs. Il y a les résidants permanents et saisonniers, les touristes et les personnes de passage pour la journée. Dans notre jargon, on dit que les résidants vont aller, une fois par mois, dans un «power center» comme Costco. Des études démontrent que dépendamment de la proximité des grands magasins, les gens se disent que ça vaudra la peine de se déplacer. Il y a cependant comme une cassure au-delà trente minutes de route. Après ce temps, ça devient moins intéressant de faire de longues distances pour quelques économies. Mais qu’on le veuille ou non, il y aura toujours des consommateurs qui préféreront aller au Quartier DIX30 pour faire leurs achats. Ça leur fait une sortie agréable et différente. Cependant, la MRC est actuellement capable de freiner les fuites commerciales par la qualité des commerces locaux. Les consommateurs recherchent de plus en plus de fraîcheur, et ça représente bien les produits du territoire.
Existe-t-il des statistiques concernant la concurrence des ventes sur le web sur l’achat local?
Il s’agit d’une caractéristique qui dépasse les limites de la MRC. En fait, trop de commerçants sont persuadés que leur concurrent est le magasin d’en face, alors que, de plus en plus, la concurrence est mondiale. Les consommateurs d’aujourd’hui font ce qu’on appelle du «Quick and Click». C’est-à-dire qu’ils entrent dans le magasin pour regarder le produit, ensuite ils reviennent à la maison afin de le commander sur internet. Cette façon de procéder est en croissance. Cela dit, rien n’empêche les marchands de la MRC de vendre ou d’annoncer eux aussi leurs produits d’exception sur le web. Chaque commerçant doit ajuster sa pratique marketing en fonction de son marché.
Comment Magog pourrait-elle tirer son épingle du jeu en ce qui a trait à l’achat local?
Magog bénéficie d’une belle image touristique et de la promotion que les Cantons-de-l’Est font entre autres de la région, de la nature, du parc national et de l’abbaye Saint-Benoît-du-Lac. En s’arrimant sur cette image-là, Magog pourra continuer de promouvoir ses produits de qualité. Je crois personnellement que Magog, pour certains de ses produits locaux, pourrait jouer la carte des produits un peu plus haut de gamme en raison de l’image de nature et d’authenticité que la région a réussi à se bâtir. Si je fais une analogie avec la France, il y a des fromages qui sont associés à certains terroirs ou à certaines régions et leurs fabricants se permettent d’afficher des prix beaucoup plus élevés parce que ce sont des produits de qualité.
Quelques données sur les comportements responsables selon le Baromètre de la consommation responsable édition Québec 2015
1- 47.5 % des consommateurs cherchent de l’information sur les produits/services écoresponsables
2- 68.1 % des Québécois ont choisi le produit local lorsqu’ils avaient le choix
3- 57.5 % des Québécois ont diminué leur consommation de manière générale
4- 65 % des Québécois ont privilégié l’achat auprès de commerçants locaux
5- 71 % des Québécois ont favorisé l’achat de produits plus durables.
(Source : Observatoire de la consommation responsable)