Christian Carrière: l’art de faire grandir la communauté du basket
PERSONNALITÉ DE L’ANNÉE. La passion combinée à l’engagement bénévole peut souvent mener à de grandes choses.
Ces deux ingrédients, Christian Carrière les met à profit depuis presque une décennie afin de faire germer le goût du basketball auprès de dizaines d’élèves du primaire et du secondaire. Et ça fonctionne!
Le plus étonnant à première vue, c’est que le natif d’Omerville est loin d’avoir le profil traditionnel d’un joueur ou d’un entraîneur de basket. Ni le physique de l’emploi.
Il n’a même jamais pratiqué ce sport de façon compétitive. « Quand j’étais jeune, j’ai joué uniquement au hockey et au baseball, parce que c’était tout ce qu’il y avait à l’époque », se rappelle l’homme de 56 ans.
Cet amour du basket s’est plutôt développé lorsque son fils Frédéric s’est mis à performer dans ce sport, d’abord à La Ruche, et ensuite au niveau collégial avec les Cougars de Champlain.
« Quand Fred a arrêté de jouer, je me suis mis à m’ennuyer du basket. C’est là que j’ai décidé de m’impliquer dans le programme de mini-basket à l’école Deux-Soleils. C’était aussi une façon de redonner au sport après tout ce que mon fils avait lui-même reçu », explique-t-il.
« Mais comme mes connaissances étaient limitées, j’ai dû demander à Charles-Antoine Rondeau (un ancien joueur de haut niveau) de me donner un coup de main comme assistant. Et en échange, j’ai accepté d’aller l’aider avec l’équipe qu’il dirigeait à l’école secondaire de La Ruche », poursuit-il.
Double rôle
Depuis ses débuts comme entraîneur, Christian Carrière a toujours occupé un double rôle au primaire (mini-basket) et au secondaire (basket régulier).
Il a même vécu une expérience singulière, en avril dernier, alors que son équipe de La Ruche était confrontée à une formation sherbrookoise dirigée par son fils Frédéric, en finale des séries éliminatoires. « Il y avait une belle rivalité entre nous, mais c’était de bonne guerre. Dans notre cas, c’est moi qui étais l’élève et lui le maître », avait-il comparé à ce moment.
Un gros cadeau
Après avoir longtemps œuvré dans des conditions difficiles et sur un terrain particulièrement exigu, Christian Carrière s’est fait offrir un véritable cadeau par le gouvernement du Québec et le Centre de services scolaire des Sommets lorsque le projet d’agrandissement de l’école Deux-Soleils a été complété, il y a à peine un an.
En plus d’offrir des aménagements plus spacieux et modernes pour les jeunes et le personnel enseignant, les travaux se sont traduits par la construction d’un gymnase double, qui fait sans doute l’envie des autres écoles. « C’est assurément le plus beau gym de basket de la région », avance Christian Carrière.
« J’ai toujours dit que si je devenais millionnaire, je ferais construire un nouveau gymnase. Mais grâce à ce projet, je n’ai même pas eu besoin de dépenser mes millions », lance-t-il en riant.
« On a un endroit parfait pour tenir des parties et des tournois. Je crois qu’on pourrait même faire installer des estrades », dit-il sur un ton blagueur.
Victime de son succès
On ne sait trop si c’est l’attrait du nouveau gymnase ou le charisme de l’entraîneur, mais toujours est-il que le programme de mini-basket à Deux-Soleils fonctionne très bien. Peut-être même trop.
« Le mardi, la pratique s’adresse aux 3e et 4e année et on compte 16 jeunes. Mais le jeudi, on totalise 30 participants pour la pratique des 5e et 6e année. Nous avons suffisamment d’espace, mais c’est un peu trop de monde pour un seul entraîneur. J’ai donc décidé de me faire seconder par un étudiant de La Ruche », précise Christian Carrière.
« Et avec mes équipes de La Ruche, j’ai aussi pris l’habitude de choisir des anciens du programme pour me donner un coup de main comme adjoints. C’est une bonne chose que des élèves plus âgés s’initient au rôle d’entraîneur. Le basket est extrêmement populaire, mais il est victime de son succès; on manque d’entraîneurs parce qu’il y a trop d’équipes », constate-t-il.
« Et l’autre avantage, c’est que les anciens joueurs sont plus qualifiés que moi pour enseigner différents aspects techniques comme les « dunks », les « lay up » et les dribbles. Croyez-moi, je ne suis pas celui qui vais leur montrer à se passer le ballon entre les jambes », fait-il valoir sur un ton humoristique.
« Mon rôle est plutôt d’enseigner le jeu collectif, mais je mise également beaucoup sur le côté social. Les jeunes doivent apprendre à interagir entre eux, à développer le concept d’équipe. Et je peux aussi épauler les parents si leur enfant traverse un moment difficile. Parfois, c’est plus simple pour un adolescent de se confier à son entraîneur », fait-il remarquer.
Chose certaine, avec la popularité de son programme et un nouveau gymnase – qui est devenu sa seconde demeure – Christian Carrière n’est pas près d’arrêter son engagement bénévole. Et il souhaite, bien humblement, servir d’exemple.
« En continuant de m’impliquer, j’espère inciter d’autres personnes à suivre le pas », conclut-il.