«Ces personnes vivent l’enfer et ils ont besoin d’aide»
Ayant eu la curiosité d’en apprendre davantage sur l’électrosensibilité il y a une dizaine d’années qui est un phénomène directement liée à sa profession, l’électricien Jean-Claude Morin ne pensait pas se retrouver aujourd’hui à pied d’oeuvre pour défendre ceux et celles qui en souffrent.
«Je ne mène pas une bataille, mais bien une sensibilisation basée sur des faits vécus». Voilà l’une des premières phrases qu’il a lancées lors d’une conférence de presse organisée à Sherbrooke pour protester contre l’installation des nouveaux compteurs intelligents. Aux côtés notamment de la Magogoise Chantal Blais atteinte d’électrosensibilité, M. Morin a voulu démystifier la condition de ces personnes par ses compétences et son expérience dans ce domaine.
«Je me souviens, il y a environ une dizaine d’années, j’étais allé chez une dame pour réparer une panne de courant comme je le faisais sur une base régulière dans mon travail, raconte le principal intéressé. Cependant, ce qui m’a marqué, c’est que cette personne m’a rappelé le lendemain pour me dire qu’elle regrettait d’avoir fait appel à mes services, puisqu’elle se sentait mieux sans électricité. Son témoignage m’avait interpellé et c’est à ce moment que j’ai décidé de faire des recherches sur l’électrosensibilité, qui était encore peu connue à cette époque.»
Au fil du temps, l’électricien magogois a approfondi ses recherches par des lectures et est allé à la rencontre de ces personnes «allergiques» aux champs électromagnétiques pour les aider à trouver des solutions concrètes, notamment par un réaménagement de leur résidence. «Seulement à Magog, je connais une douzaine de personnes électrosensibles. Il doit y en avoir encore plus en sachant que je ne connais pas tout le monde et que certains n’osent pas le dire haut et fort par crainte d’être traités de fous. Il y en a même qui sont rejetés par leur famille et leurs amis tellement il y a des préjugés et une méconnaissance. Ces personnes vivent l’enfer et ils ont besoin d’aide», soutient-il.
À force de faire son possible pour améliorer le sort de ces personnes qui ressentent des douleurs pratiquement permanentes, Jean-Claude Morin a développé des liens forts qui lui ont apporté beaucoup comme être humain. «C’est extrêmement valorisant de mettre du bonheur dans la vie de ces personnes. Ça m’est arrivé souvent de recevoir un chèque accompagné d’une lettre de remerciement. Ce n’est pas quelque chose nécessairement d’habituel dans mon métier, mais c’est ce genre d’attention qui te fait réaliser bien des choses», conclut l’électricien en remerciant la Ville de Magog pour sa décision d’arrêter l’installation des nouveaux compteurs intelligents.