Agrandissement du parc national du Mont-Orford: les audiences du BAPE se poursuivent aujourd’hui

ENVIRONNEMENT. Après une séance de presque quatre heures hier soir et la présence de quelque 140 personnes intéressées par l’agrandissement du parc national du Mont-Orford, les audiences publiques du Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE) reprennent aujourd’hui à l’Hôtel Chéribourg du Canton d’Orford.

La journée a débuté avec une visite sur le terrain à bord de deux autobus. Quelques dizaines de citoyens et l’équipe de la commission d’enquête ont découvert certains endroits qui seront protégés à perpétuité si l’agrandissement est entériné par Québec.

Les arrêts ont été faits près du marais du lac Brompton, au bout du chemin du Lac-Montjoie, au lac La Rouche et sur le chemin J.-A. Bombardier. Ce dernier arrêt étant à quelques mètres des futures limites du parc et du lac Brompton.

Quelques membres de l’Association pour la protection du lac Brompton assistaient à cette visite afin de planifier la rédaction de leur mémoire à déposer devant le BAPE, en avril prochain. Le vice-président Jean Nadeau apprécie le projet dans son ensemble, à l’exception de quelques bémols concernant la fragilité du marais du lac Brompton et du ruisseau Ély, un tributaire de ce même plan d’eau.

« Nous espérons que des mesures soient adoptées et appliquées afin de protéger ces zones qui seront foulées par de nombreuses personnes, comme près du ruisseau Ély avec un camping de 200 places », prévient-il.

UNE SOIRÉE FORT COURUE

Les commissaires du BAPE, Antoine Morissette (président) et Mireille Paul, ont dirigé les travaux devant une salle comble, mardi soir. 

D’entrée de jeu, l’enjeu du lac La Rouche a été abordé par le documentariste Marty-Kanatakhatsus Meunier. Il a demandé pourquoi ce plan d’eau a été exclu du territoire agrandi, même s’il se trouve au cœur de la nouvelle zone agrandie. 

Le porte-parole du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Christian Pelletier, a répondu que la famille Bombardier a préféré conserver cet endroit pour poursuivre des essais de véhicules nautiques et récréatifs produits à Valcourt. M. Pelletier assure que le gouvernement a répété sa demande auprès de la famille, mais en vain.

M. Meunier a répliqué en déplorant la présence de deux catégories de citoyens, car d’autres propriétaires, qui ont dû vendre leur propriété, n’ont pas eu le même traitement de faveur que la famille Bombardier.

 

Le porte-parole de SOS Parc Orford, Robert Benoît, a poursuivi en disant craindre l’impact des visiteurs supplémentaires sur l’écologie du parc, incluant les 100 000 personnes de plus prévues pour le secteur agrandi. Il espère que des études existent pour vérifier les conséquences environnementales sur un parc de plus en plus populaire et qui a accueilli 1,3 million de personnes en 2022.

Le MELCCFP et la SÉPAQ ont dit être sensibles sur cette question, mais n’ont pu répondre précisément aux interrogations de M. Benoît, ni chiffrer le nombre total de personnes que peut ou pourra tolérer le parc. Les porte-paroles de ces deux organisations ont toutefois mentionné l’existence d’indicateurs environnementaux suivis pour vérifier si des zones se dégradent ou non. « Et on ferme les barrières du parc dès que les stationnements sont pleins », ajoute Claudia Lascelles, responsable du service de la conservation et de l’éducation au parc national du Mont-Orford (Sépaq). 

D’autres préoccupations ont également été mentionnées au cours de la soirée, notamment sur l’accès et la circulation dans le secteur du lac Montjoie, ainsi que sur la circulation des usagers du parc sur les propriétés voisines privées. La protection de la biodiversité inquiète, mais on s’interroge aussi sur l’achalandage et ses impacts sur la quiétude des résidents voisins.

HISTORIQUE ET FAITS SAILLANTS

Ce projet d’agrandissement prend son origine en 2001 alors que le gouvernement libéral de l’époque avait proposé de retirer 1,3 kilomètre carré du parc pour y faire de l’immobilier au pied des pentes du Mont-Orford, tout en bonifiant le même parc d’une autre zone de 2,1 km carrés.

Devant un fort mouvement d’opposition, le vent avait tourné pour créer ce projet d’agrandissement à compter de 2006. 17 propriétés ont été acquises pendant une quinzaine d’années pour ajouter 45 km carrés, dont 21 % dans le Canton d’Orford.

La vocation « préservation » sera accentuée pour passer de 65 % à 76 % pour la superficie de tout le nouveau parc.

Le futur parc aura deux pôles de services pour accueillir les visiteurs, neuf accès, des stationnements, un camping, des chalets, des camps rustiques, des refuges et une navette électrique pour joindre le secteur Montjoie.

La randonnée pédestre sera l’activité vedette avec un nouveau réseau de 71 km. S’ajouteront 27 km de pistes cyclables, 20 km pour le vélo de montagne, trois lacs pour des activités nautiques, deux parcs d’escalade et 7 km de randonnées équestres. 

La première partie des audiences publiques se déroule cette semaine au Chéribourg. Il s’agit de l’étape des questions en provenance du public. Les commentaires et le dépôt des mémoires auront lieu au début du mois d’avril.

Info : bape.gouv.qc.ca