À 98 ans, Paul Brouillard veut reconstruire sa maison

RETOUR. Quelques mois après avoir vu son imposante résidence partir en fumée, l’ex-propriétaire du Club de golf Venise, Paul Brouillard, est déjà à pied d’œuvre pour faire construire une nouvelle maison au même endroit, et ce, même s’il fêtera en juillet prochain son 99e anniversaire de naissance.

Bien qu’il ait perdu passablement de mobilité au fil des ans et que son ouïe soit un peu moins aiguisée, le vénérable homme d’affaires est toujours habité par une détermination hors du commun.

« Les plans ont été faits et l’entrepreneur est déjà réservé. Si tout va bien, les travaux vont s’amorcer en mai et devraient prendre fin en décembre », a-t-il expliqué, lors d’une généreuse entrevue accordée au Reflet du Lac.

Même s’il a vendu son terrain de 36 trous à Gilles Beaucage en 2018, Paul Brouillard n’a jamais pensé se départir de sa résidence, avantageusement située en bordure du Club, et offrant une magnifique vue sur le lac Magog.

« Le golf et la maison ont toujours été dissociés. Ça faisait 40 ans que j’habitais là. Ce que les gens oublient peut-être, c’est qu’elle avait déjà été détruite par un incendie il y a une trentaine d’années et que j’avais aussi été obligé de la reconstruire à l’époque. »

D’un style plus moderne, la nouvelle demeure de M. Brouillard risque encore une fois d’attirer l’œil, même si elle sera un peu moins imposante que l’ancienne. « Avec le garage, elle aura 108 pieds de longueur, comparativement à 123 pour l’autre », explique celui qui n’a jamais fait les choses à moitié.

Le brasier a tout détruit

Tout comme les enquêteurs, Paul Brouillard a encore de la difficulté à comprendre comment un incendie aussi dévastateur a pu prendre naissance à l’intérieur de sa résidence, le 28 octobre dernier.

En quelques minutes, l’embrasement était généralisé et les deux occupants (M. Brouillard et son épouse Irène) ont seulement eu le temps de sortir les deux voitures du garage. « Tout le reste a été détruit dans le brasier. Je fais de la peinture, et j’avais une vingtaine de mes toiles à l’intérieur. J’ai aussi perdu toutes mes photos, notamment une que j’aimais beaucoup, où j’étais posé avec Jean Béliveau et son épouse Élise, lors du 25e anniversaire du Club Venise. D’ailleurs, chaque fois que j’inaugurais un nouveau 9 trous, M. Béliveau était invité », a-t-il rappelé sur un ton nostalgique.

« Nous sommes quand même chanceux que l’incendie se soit produit en plein jour. Si c’était arrivé durant la nuit, nous n’aurions sans doute pas pu sortir de là », avance-t-il.

Alors qu’il croyait avoir perdu ses deux chats dans le sinistre, le couple Brouillard a eu la surprise de voir réapparaître l’un des bêtes, trois semaines après le sinistre. « On était bien heureux de le revoir et il est toujours avec nous. On va même accueillir un autre chat en septembre, afin de lui tenir compagnie ». 

Sur le terrain jusqu’à 92 ans

Ceux qui ont fréquenté le Club de golf Venise au cours des dernières décennies se rappellent à quel point le propriétaire et fondateur aimait mettre la main à la pâte.

Sillonnant régulièrement les deux parcours dans sa voiturette personnalisée ou son tracteur, Paul Brouillard n’hésitait pas à prendre la pelle ou le râteau pour embellir les lieux. « J’ai travaillé sur le terrain jusqu’en 2015 (à l’âge de 92 ans). Malheureusement cette année-là, je suis tombé deux fois en pleine face, et à chaque occasion, j’étais seul. On m’a convaincu d’arrêter tout ça », se désole-t-il.

« J’ai aussi décidé récemment d’annuler mon permis de conduire. Même si je me sens encore capable de conduire, je ne veux pas prendre le risque d’être impliqué dans un accident », laisse-t-il entendre.

« Par contre, j’ai conservé ma voiturette électrique et elle me sert encore dans mes petits déplacements. C’est très pratique pour aller chercher mon courrier », précise-t-il.