25 ans de service pour la première femme policière à Magog

CARRIÈRE. Il y a 25 ans, Nathalie Fréchette devenait la première femme à revêtir un uniforme de police à Magog. Sans même s’en faire un devoir, elle est parvenue à changer les mentalités en traçant son propre chemin.

Travailler dans un milieu d’hommes n’a jamais dérangé Nathalie Fréchette, aujourd’hui âgée de 47 ans. Au contraire, avant même de d’entrer dans la police en 1991, elle travaillait dans le milieu de la construction où les préjugés à l’égard du sexe féminin étaient bien présents.

Malgré tout, elle reconnaît qu’il fallait avoir une «grosse carapace» pour encaisser les moments plus difficiles et gagner sa place au sein de l’équipe. «Comme première femme, la pression était forte sur mes épaules, se souvient-elle. Je n’ai pas été intimidée ou reçue des remarques désobligeantes par des collègues, mais je devais donner mon 110% pour avoir leur confiance. Disons que je n’avais pas beaucoup de marge de manœuvre pour prouver que je pouvais faire la job

À ses premiers pas dans le milieu policier, la sergente Fréchette devait se fier à son instinct en l’absence d’un modèle féminin, sur qui prendre exemple. Ses mentors ont été de vieux routiers qui étaient même, parfois, trop protecteurs à son égard. «Ils étaient comme des papas qui voulaient constamment me protéger. À la moindre difficulté, ils voulaient la surmonter à ma place, par réflexe. Je devais mettre mon poing sur la table et leur dire que j’étais capable», soutient-elle.

Le défi de la famille

Ce n’est pas au poste police, mais bien à la maison que Nathalie Fréchette a vécu les plus grandes difficultés. Mère de deux enfants, elle devait réussir à concilier sa vie familiale avec des horaires irréguliers de jour, de soir et de nuit. «En plus, l’hiver, c’est mon mari qui ouvrait les chemins lorsqu’il neigeait. Ce n’était vraiment pas évident, surtout pour lui. Il en a fait beaucoup pour me permettre d’exercer le plus beau métier du monde. Et il y a tous ceux qui sont venus nous dépanner pour garder, comme grand-maman, mes sœurs et des amis. Sans eux, oublie ça, on n’aurait pas réussi», admet-elle.

Aujourd’hui âgées de 18 et 21 ans, ses deux filles ont décidé de prendre une direction professionnelle différente de leur maman. Mais ce n’est pas cette dernière qui les a dissuadés. «Ce n’est pas un métier facile, mais il n’y a rien de plus valorisant que d’aider les gens. Certaines interventions sont difficiles à vivre, on n’en dort pas durant quelques nuits, mais ça fait partie du métier. Et comme femme, il faut accepter de se faire taquiner, être willing comme on dit. Si t’es moindrement susceptible, tu passeras pas au travers», poursuit-elle.

Tomber pour mieux se relever

Femme d’action, la sergente Fréchette a passé la majeure partie de sa carrière sur le terrain, par choix, comme patrouilleuse. Un travail passionnant comme elle l’affirme, mais aussi très exigeant. Même parfois trop comme ce fut le cas, il y a une dizaine d’années, lorsqu’elle a frappé un mur. «J’ai vécu un grosburnout. Je me suis écroulé, littéralement. Je n’étais plus capable de marcher, ni de parler. J’avais poussé mon corps au bout. Je ne l’avais pas écouté, j’ai payé pour», confie-t-elle.

Un long cheminement s’en est suivi pour permettre à Mme Fréchette de se relever de cet épuisement professionnel. Elle soutient n’avoir jamais baissé les bras, à l’image de son parcours professionnel, où l’abandon n’a jamais été une option. «Ce que je retire de cette épreuve, c’est que personne n’est invinsible. On peut tous tomber dans la vie et ce n’est pas grave. L’important, c’est de se relever et de foncer, un jour à la fois», conclut-elle.

Le respect de son patron

Le parcours de Nathalie Fréchette n’est pas passé inaperçu aux yeux du directeur de la Régie de police de Memphrémagog, Guy Roy. Ce dernier célèbre aussi cette année son quart de siècle en service, lui qui est entré en poste quelques semaines à peine avant sa collègue. «Nathalie a su faire sa place comme une femme dans la police et non en tentant de jouer un autre rôle. Son plus grand atout est d’être resté elle-même et je lui lève mon chapeau.»

En ce qui a trait à son propre parcours, Guy Roy se dit très fier de l’organisation en place et du travail accompli par son équipe au fil des années.