Aide médicale à mourir: un sujet qui demeure sensible malgré la hausse des demandes

SANTÉ. Les demandes d’aide médicale à mourir augmentent sans cesse, même si cet acte encadré par la loi demeure un sujet très sensible chez les patients, l’entourage de la personne en fin de vie et pour le personnel des hôpitaux. En date du 31 mars 2018, environ 100 personnes avaient reçu ce traitement en Estrie pour mettre un terme à leur vie, ce qui représente un peu moins d’un cas par semaine depuis l’adoption de cette loi en décembre 2015. Le nombre de dossiers progresse constamment, mais la directrice des soins infirmiers du CIUSSS de l’Estrie – CHUS, Nathalie Schoos, assure que le personnel en place suffit à la tâche sans budget supplémentaire. «On s’organise pour bien accompagner les patients et leur famille, mais ça ne bouscule pas nos horaires. On doit cependant faire vite, car nous avons dix jours pour traiter une demande, soit entre le dépôt du formulaire et le décès du patient», explique-t-elle. Malgré ce temps rapide, Mme Schoos insiste pour dire que chaque membre du personnel impliqué dans une démarche de fin de vie, que ce soit un médecin, une infirmière ou un travailleur social, remplit ses responsabilités avec professionnalisme et respect. Il s’agit d’un processus émotif pour les patients et leurs proches, mais aussi pour le personnel, ajoute Mme Schoos. «Tout passe par une bonne préparation. On écoute beaucoup les dernières volontés du patient, en fonction de ses croyances personnelles, mais on offre aussi du mentorat à nos employés. On fait aussi un suivi avec les membres de notre personnel après un décès afin de les faire ventiler. C’est parfois émotif pour eux, car on s’attache aux patients. Même pour un médecin, ce n’est pas toujours facile d’administrer une dose finale pour la première fois. Nos employés ont aussi des valeurs, mais on se doit de respecter les dernières volontés des patients», résume-t-elle. Après l’évaluation de deux médecins et le respect de tous les critères (voir encadré), le patient et son entourage se rassemblent à l’hôpital ou à la maison en compagnie de trois ou quatre membres du personnel, incluant de l’aide psychosociale. L’objectif consiste à bien encadrer les gens présents avant et après le processus. «C’est important, car la réaction des survivants diffère d’un cas à l’autre. C’est souvent très serein, mais ça va très vite et on ne peut prévoir les réactions. Trois injections par voie veineuse en dix minutes et c’est terminé», prévient-elle. Sans représenter un sujet tabou, l’aide à mourir divise encore, surtout qu’il s’agit d’un sujet encore récent dans la société. «On n’en fait pas la promotion, mais les patients s’informent de plus en plus. On leur répond avec respect afin de les aider à prendre la décision la plus éclairée possible», conclut Mme Schoos.   Qui peut recevoir l’aide médicale à mourir?

  • Être âgé d’au moins 18 ans
  • Être en fin de vie
  • Être apte à consentir aux soins
  • Être atteint d’une maladie grave et incurable
  • Éprouver des souffrances physiques et psychiques constantes et insupportables