Il y a 20 ans, Omerville et le Canton de Magog se fusionnaient avec la Ville

POLITIQUE. Janvier 2022 marque les 20 ans d’un événement historique à Magog, en l’occurrence le regroupement municipal d’Omerville, du Canton de Magog et de la Ville de Magog.

Selon l’ancien maire de Magog, Marc Poulin, il s’agit aujourd’hui d’un «mariage réussi» malgré quelques embûches et inconvénients. Il se rappelle très bien que l’objectif consistait à réduire les coûts administratifs. «On n’a pas réalisé d’économie d’échelle, mais on a réussi à améliorer les services municipaux, à prospérer de façon harmonieuse et à développer un sentiment d’appartenance malgré trois cultures distinctes, constate-t-il après deux décennies. Tous ont mis de l’eau dans leur vin pour faciliter la transition.»

Il est conscient de l’effort fiscal supplémentaire consenti par les contribuables de l’ancien Canton, qui ont subi une forte hausse de taxes. Marc Poulin rappelle cependant que les citoyens de Magog auraient fort probablement profité de baisse de taxes sans le regroupement.

Marc Poulin a été le premier maire de la nouvelle Ville unifiée de Magog.

«Cet équilibre a permis de partager plus équitablement tous les revenus de la Ville de Magog, incluant les surplus d’Hydro Magog, observe-t-il. Aujourd’hui, tous les citoyens des trois secteurs profitent de la bibliothèque ou de l’aréna sans payer davantage. Omerville n’aurait pas eu les moyens de se développer sans la fusion.»

Avec le recul, Marc Poulin aurait bien aimé que le Canton d’Orford soit intégré dans le regroupement pour former une plus grande ville unifiée. «Ça passé très près, car le pourcentage de gens qui résidaient à Orford et qui travaillaient à Magog était tout juste sous la limite pour l’intégrer dans le regroupement, se rappelle-t-il. Cette donnée est sûrement plus importante aujourd’hui.»

«ON S’EST DONNÉ LES MOYENS DE NOS AMBITIONS»

L’ancienne mairesse de Magog (2009-2021), Vicki-May Hamm, vit très bien avec son passé de défusionniste. À l’époque, elle faisait partie d’une coalition formée de citoyens du Canton qui s’opposait au regroupement.

Élu en avril 2003 après la défaite du Parti québécois qui favorisait les fusions, le gouvernement libéral de Jean Charest avait autorisé la tenue de référendums aux opposants qui le désiraient. Des citoyens du Canton ont saisi la balle au bond malgré l’élection d’un conseil municipal unifié à Magog en décembre 2002.

Mme Hamm se rappelle très bien des âpres débats et du référendum perdu. «Nous étions surtout contre le processus antidémocratique des fusions forcées imposées sans réelle consultation publique, s’indigne-t-elle toujours après 20 ans. On voulait participer aux prises de décision.»

L’obligation de se regrouper, l’absence d’économie d’échelle et la hausse «considérable» des taxes au Canton demeurent des inconvénients à ses yeux. Aujourd’hui, elle voit par contre plusieurs avantages d’une plus grande ville, qui a davantage de moyens financiers pour gérer les responsabilités qui s’additionnent sans cesse en provenance du gouvernement. «Des plus petites villes auraient eu beaucoup de difficultés à gérer des dépenses supplémentaires», ajoute-t-elle.

Mme Hamm voit aussi d’un bon œil l’équilibre d’aujourd’hui entre les secteurs ruraux et urbains, tout comme l’absence de chicane politique pour s’entendre sur les surtaxes à accorder pour jouer au hockey à l’aréna ou emprunter des livres à la bibliothèque.

«Une Ville plus imposante a permis de nous donner les moyens de nos ambitions», résume-t-elle.

«ON A AMÉLIORÉ NOTRE SORT»

Un ancien conseiller municipal de l’ancien village d’Omerville et de la nouvelle Ville de Magog, Yvon Lamontagne, croit que la fusion représente une décision positive après deux décennies.

Il avoue qu’il était d’abord sceptique. Il estime aujourd’hui que le secteur Omerville n’est plus le «parent pauvre» des villes avoisinantes. «On a eu des moyens financiers pour améliorer notre sort, et ce, malgré une légère hausse de taxes, commente-t-il. Nos services municipaux se sont améliorés et nous bénéficions notamment de très beaux terrains de soccer. On n’aurait jamais pu se payer une nouvelle usine d’épuration, comme l’a récemment permis ce regroupement avec la Ville de Magog».

M. Lamontagne cible aussi l’embellissement et l’élargissement de l’ancien boulevard Bourque (rue Sherbrooke) comme une retombée positive et directe de la fusion avec Magog.

UN MOMENT CHARNIÈRE POUR L’ESSOR DE MAGOG

Un ancien conseiller municipal du Canton et de la Ville, Michel Voyer, voit aujourd’hui le regroupement comme une bonne chose même s’il exprimait des réserves à l’époque. «Si on compare Magog aujourd’hui avec la Ville d’il y a 20 ans, il y a une grande amélioration et l’avenir est très prometteur, observe-t-il. La fusion y est pour quelque chose et continue de l’être.»

Tout comme l’ancien maire du Canton, Jean-Guy St-Roch, M. Voyer croit «qu’on a réussi à faire la meilleure omelette avec les meilleurs ingrédients provenant des trois municipalités et je pense qu’on y est parvenu», enchaîne-t-il.

M. Voyer croit que le partage des profits d’Hydro-Magog et une harmonisation des taux de taxes, ce qui étaient exclus au départ, a permis de sauver la fusion. Selon lui, une meilleure répartition des revenus, le maintien de certains acquis du Canton et un souci de préserver un environnement exceptionnel ont facilité la transition.

FAITS SAILLANTS

  • Les fusions sont une création des gouvernements péquistes de Lucien Bouchard et de Bernard Landry.
  • 160 villes sont officiellement fusionnées en janvier 2002 au Québec.
  • Marc Poulin (64%) défait Jean-Guy St-Roch (36%) au premier scrutin de la ville unifiée de Magog en décembre 2002.
  • Élu en 2003, le gouvernement Charest autorise quelques défusions au terme de référendums municipaux.
  • La Coalition pour la défusion du Canton de Magog, dont faisait partie Vicki-May Hamm, perd son pari en 2004.