Faire des simulations pour ressentir la détresse des victimes

SECOURS. Quelques fois par année, les pompiers organisent des simulations afin de parfaire leurs techniques et leurs connaissances pour être prêts à faire face à toutes situations d’urgence. Mais il est moins connu que ces exercices se veulent une occasion pour eux de se mettre dans la peau des victimes et de comprendre leur réalité.

Le chef aux opérations du Service de sécurité incendie de Magog, Steve Lavoie, l’a d’ailleurs vécu tout récemment lors d’une simulation dans le parc industriel. Les intervenants ont simulé un accident de travail, dans lequel un travailleur s’est retrouvé coincé sous un chargement après être tombé dans la benne d’un camion.

La victime en question a été «jouée» par le chef Lavoie. Même s’il n’était pas en situation réelle, sans douleur à endurer, le principal intéressé est ressorti quelque peu déstabilisé de son expérience. «Même si j’étais en pleine forme et habillé chaudement, j’ai trouvé que l’attente pouvait paraître interminable par moment. Non pas que les pompiers étaient lents, au contraire, mais bien que dans ma situation et avec tout l’inconfort, on a juste hâte de sortir de là», raconte Steve Lavoie.

«Je n’imagine pas comment peut se sentir une personne dans la même position, mais avec la douleur, le stress et la peur, poursuit-il. Le premier réflexe quand tu vois les pompiers arriver est de penser que l’attente est terminée. Mais dans certaines interventions plus complexes où l’état de la personne est stable, on doit prendre notre temps pour bien faire les choses et éviter une erreur qui pourrait aggraver la situation.»

En vivant l’autre côté de la médaille, le chef Lavoie dit comprendre parfois que certaines personnes puissent perdre le contrôle de leurs émotions. Il précise d’ailleurs qu’ il y a toujours un intervenant qui accompagne la victime pour la rassurer et lui expliquer les étapes à venir.

«Comme pompiers, quand une personne blessée nous crie après ou nous critique, ça peut venir nous chercher et occasionner un stress supplémentaire. On nous expose à cette réalité sur les bancs d’école, mais c’est toujours bien de le revivre en simulation pour ne pas l’oublier. Oui, il faut se concentrer à secourir la victime, mais on se doit aussi de comprendre ce qu’elle vit et d’écouter ses besoins et ce qu’elle ressent», conclut le chef aux opérations.