Église Saint-Patrice de Magog: d’une modeste chapelle à un joyau architectural (1ère partie)

Au milieu des années 1830, des familles catholiques venues d’Irlande s’installent sur la rive est du lac Memphrémagog à quelques km de l’Outlet, aujourd’hui Magog. Parmi elles, on retrouve les Cassidy, Donahue, Gallagher, McNamara, Smith et Patrick Donigan accompagné de son épouse et de leurs sept enfants. C’est dans la maison de ces derniers, située à Snug Harbour à quelques km de Magog entre Chérive et les Villas de l’Anse, que sera célébrée en 1841 la première messe catholique en région. Une croix commémorative et une chapelle y ont été érigées par la famille Thomas pour rappeler cet événement.

Ces pionniers catholiques sont desservis par des missionnaires venant de Sherbrooke et de Stanstead sur une base irrégulière, ce qui ne répond pas à leurs besoins. Pour les mariages et les baptêmes, ils doivent parfois se rendre à Stanstead, où une chapelle a été érigée en 1840. En octobre 1855, une demande est faite à Mgr Joseph LaRoque, évêque du diocèse de St-Hyacinthe, demandant qu’ils soient desservis régulièrement par un missionnaire, ce qui est obtenu.

Avec l’arrivée de Canadiens français, le nombre de fidèles augmente et le besoin d’un lieu de culte s’impose. En 1859-1861, une modeste chapelle est construite sur le site de l’actuel centre communautaire. L’abbé Antoine-Damase Limoges est le premier missionnaire résident de la mission St.Patrick de l’Outlet. En 1872, la mission est érigée en paroisse par Mgr LaRoque sous le vocable officiel de Saint-Patrice de Magog. Une deuxième érection canonique aura lieu sous Mgr Antoine Racine, évêque du nouveau diocèse de Sherbrooke, en 1885.

 

Des corps exhumés pour construire le premier presbytère

En 1876, un premier presbytère est construit sur le terrain même de la chapelle. À cette fin, une douzaine de cadavres, tous des Irlandais, doivent être exhumés, car un cimetière avait été aménagé tout à côté. Au début des années 1890, la chapelle et le presbytère servent à enseigner aux filles en attendant que le premier couvent soit construit pour les sœurs de Sainte-Croix, entre 1891 et 1895. La chapelle et le presbytère doivent donc disparaître. La chapelle est démolie et le presbytère est déménagé au coin nord-ouest des rues Saint-Patrice et Abbott.

C’est sous la cure (1881-1908) de Charles-Édouard Milette (1854-1908) que commence la construction de l’église Saint-Patrice. Les plans d’un grand soubassement sont faits par l’architecte Théodore Lemaire et les travaux sont exécutés par Jos. Dubuc, entrepreneur. Il est construit de pierres irrégulières avec des bandes de bois insérées dans la maçonnerie pour fixer les revêtements intérieurs. Commencé le 30 juillet 1887, le soubassement est terminé le 11 décembre suivant. Il comprend une grande salle communautaire et une chapelle à l’extrémité ouest, où les offices religieux sont célébrés jusqu’à la fin de la construction de l’église.

Bien après la construction de l’église, terminée en 1894, cette chapelle aménagée au soubassement continue d’être utilisée l’hiver pour diminuer les coûts de chauffage. En 1910, le curé François-Xavier Brassard sollicite de l’évêque de Sherbrooke «les facultés nécessaires pour ériger les stations de la croix dans la chapelle d’hiver de ma paroisse». Au cours des années, cette salle communautaire, qui fut longtemps la plus grande de Magog, est le site de multiples événements non religieux: bingos, bazars, parties de cartes, cliniques de dons de sang, pièces de théâtre, présentations de films, concerts variés, séances d’informations diverses, réceptions à la suite de funérailles, bureaux de scrutins lors d’élections, etc. (À suivre dans prochaine publication)

 

Maurice Langlois

Serge Gaudreau

Membres de la Société d’histoire de Magog