On sonne l’alarme pour créer des logements sociaux dans Memphrémagog

SOCIÉTÉ. Le milieu communautaire de Magog et de la MRC de Memphrémagog s’unit pour réclamer des logements sociaux et abordables à Magog, surtout que les dernières HLM (habitations à loyer modique subventionnés par l’État) ont été construits en 2010.

Ces organismes profitent de la campagne électorale pour rappeler aux candidats que la situation est extrêmement critique dans la région. Le portrait démographique et socioéconomique s’est profondément transformé en 11 ans, avec des salaires qui ne suivent pas nécessairement la hausse vertigineuse des loyers.

Annie Mathieu, qui siège sur le comité logement de la Table de développement social de Magog, prévient qu’il faut voir la réalité en pleine face. Selon elle, la crise du logement frappe aussi Magog avec une pénurie de logements, des rénovictions, des prix de maison qui explosent et de luxueux condos inaccessibles pour la majorité des Magogois.

À titre de coordonnatrice de l’Équipe Ressources Relais, elle observe régulièrement des gens et des familles en quête d’un logement décent qui ne coûte pas les yeux de la tête.

«Nous déplorons un manque criant de ressources abordables, alarme Mme Mathieu. La hausse des prix a un impact majeur sur la disponibilité de logements. Les 4 ½ coûtent maintenant 1000 $ par mois. Certains sont chanceux de trouver une chambre à 500$ si elles sont disponibles.»

Son équipe a déjà accompagné un cas d’itinérance à Mansonville, mais qui s’est malheureusement retrouvé rapidement à la rue et à l’hôpital. «On lui avait trouvé un logement décent près des services à Magog, mais il ne lui restait que 50$ par mois pour manger. Le système a malheureusement échoué avec cet homme», s’attriste-t-elle.

Mme Mathieu constate aussi une nouvelle réalité, soit des familles prêtes à payer 1000 $ pour se loger, mais qui ne trouvent aucun logement. «C’est à ce moment que ces familles s’appauvrissent en payant un logement plus cher, réduisant ainsi le portefeuille pour les autres dépenses», ajoute-t-elle.

Lire 401 logements sociaux toujours occupés.

L’URGENCE D’AGIR

Le logement social représente-t-il la solution pour atténuer cette problématique sûrement exacerbée par la pandémie?

Le milieu communautaire croit que oui. Il réclame des actions dès le lendemain des élections municipales du 7 novembre. Il invitait d’ailleurs les deux candidates à la mairie de Magog, le 30 septembre dernier, à s’exprimer sur quelques dossiers, incluant celui du dossier social. (Voir autre article)

Il y a urgence d’agir, selon la directrice générale de la Corporation de développement communautaire (CDC) de Memphrémagog, Mélissa Rivard. «Tous les acteurs sont conscients de la problématique, mais nous n’avons même pas le portrait réel de la situation, s’inquiète-t-elle. Tout le monde doit s’asseoir à la même table pour dénouer rapidement cette crise qui frappe, encore une fois, les plus vulnérables de la communauté.»

Elle et ses partenaires réclament de nouveaux logements abordables, car des statistiques démontrent que 30% des ménages locatifs dépensent plus de 30% de leur salaire pour se loger. «C’est immense et ces familles s’appauvrissent de plus en plus, observe Mme Rivard. Le défi s’accentue même avec la spéculation immobilière. Plaçons ce dossier au sommet des priorités.»

 

UNE VENTE LÉGALE, MAIS IMMORALE

Après les rénovictions qui s’amorcent, Magog observe un nouveau phénomène. Il s’agit de la vente possible d’une vingtaine de maisons actuellement offertes en location dans le secteur Southière. Des familles y habitent depuis quelques années, mais elles devront se trouver un autre toit, car le propriétaire désire s’en départir. Certains locataires ne pourront les acheter et devront se trouver une autre adresse d’ici juin prochain.

Le milieu communautaire espère que ces familles seront accompagnées pour faciliter leur transition, tout en espérant qu’elles demeurent à Magog.

Une voisine de ce secteur, Marie-Claude Masse, dénonce cette situation qu’elle considère «légale, mais immorale». (Lire son texte ici)

«Où iront les 19 ménages de mon quartier?, s’inquiète-t-elle. La Ville de Magog n’a-t-elle pas un rôle essentiel à jouer dans ce scénario catastrophe en apportant une aide à ces personnes?»