Tribune libre: les cormorans sont un plus pour la biodiversité du lac Memphrémagog

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre article sur la présence de cormorans à Magog publié dans votre journal du 1er septembre et dans lequel vous posiez la question à savoir si cette espèce était de plus en plus présente ou pas ici.

Je navigue moi aussi sur le lac Memphrémagog depuis plusieurs années et je les observe également. Outre les Îles des Trois-Sœurs, il y a aussi une importante colonie de cormorans à aigrettes sur l’Île Longue, plus au sud. Ces dernières années on pouvait les observer sur les rochers affleurant à la pointe nord de cette île. Cet été, j’en ai observé sur quelques arbres au bord de la rive ouest de l’Île Longue (voir photo ci-jointe).

Sans relevés précis, on ne peut bien sûr pas affirmer qu’il y en a de plus en plus. Toutefois, je voudrais rappeler ici que plusieurs études scientifiques ont montré que les oiseaux nicheurs et migrateurs sont très sensibles aux changements climatiques et que ce sont les espèces qui s’y adaptent le plus rapidement (espèces indicatrices ou sentinelles).

Comme l’aire de répartition du cormoran à aigrettes s’étend de la Floride jusqu’au sud du Canada (et du Québec), chez nous, il se trouve dans la partie la plus nordique de son aire de répartition naturelle. Avec le réchauffement du climat, les régions du sud du Canada et du Québec deviendront donc de plus en plus propices à cette espèce.

Le déplacement vers le nord des aires de répartition des espèces en fonction des changements climatiques est bien étudié pour de nombreuses espèces végétales et animales par les experts en changements climatiques. Donc, il ne serait pas du tout étonnant que nous observions de plus en plus de cormorans à aigrettes dans la région de Magog dans les prochaines années.

Toutes les espèces qui colonisent et s’adaptent à un nouvel habitat le modifient. C’est comme cela que la nature fonctionne et évolue, selon les conditions environnantes. Avec le temps, un équilibre entre la population de cormorans et leur milieu va s’installer.

J’espère donc que nous aurons la sagesse de les laisser tranquilles dans leurs nouveaux habitats insulaires. Il s’agit d’une espèce iconique des milieux côtiers, autant marins que d’eau douce, et de surcroît leur observation autant en vol qu’en train de pêcher, ou même au repos perchés sur les arbres, est toujours spectaculaire. Un plus pour la biodiversité du lac Memphrémagog!

Robert Siron

Magog

 

Robert Siron est océanographe de formation à la retraite. Il a fait carrière en sciences de l’environnement pour diverses institutions au Canada et au Québec.