Qualité et santé du lac Memphrémagog: demeurer aux aguets malgré une première victoire

ENVIRONNEMENT. Élus et environnementalistes viennent de remporter une bataille avec la prolongation de trois ans du moratoire sur le traitement du lixiviat du site d’enfouissement de Coventry, au Vermont.

Il ne s’agit que d’une manche, car la Table de concertation des élus du lac Memphrémagog souhaite aller plus loin dans la protection du lac Memphrémagog, un réservoir d’eau potable pour quelque 175 000 Estriens.

Député d’Orford et président de ce comité, Gilles Bélanger réclame plutôt un arrêt final et permanent pour le traitement du «jus de poubelle» dans l’usine d’épuration de Newport. Ces installations sont d’ailleurs jugées désuètes pour traiter le lixiviat, plus particulièrement les nouveaux produits chimiques comme les composés perfluorés (PFAS).

«Nous refusons également que ce lixiviat soit traité sur le site d’enfouissement de la compagnie Casella, qui est situé à proximité de la rivière Black, un important affluent du lac Memphrémagog, spécifie-t-il. Nous espérons que l’État du Vermont trouve un site sécuritaire à l’intérieur de ses frontières et éloigné de Newport, plutôt que de faire traiter ce lixiviat trop près du lac Champlain, comme actuellement.»

Bélanger considère la prolongation du moratoire comme une bonne nouvelle, mais il prône la vigilance pour les prochaines étapes. La Table de concertation émettra d’ailleurs ses recommandations, d’ici les prochaines semaines, sur l’une des options retenues pour traiter le lixiviat dans les années à venir.

Il prévient aussi de ne pas baisser la garde, même si les plus récents résultats d’échantillonnage n’ont détecté aucune trace de PFAS à quatre endroits au lac Memphrémagog, incluant l’entrée des prises d’eau de Magog et de Sherbrooke. «Ces résultats ne me surprennent pas, car Newport ne traite plus le lixiviat du dépotoir depuis l’arrivée du moratoire», explique-t-il.

Le président du Memphrémagog Conservation Inc. (MCI), Robert Benoit, partage l’avis de M. Bélanger. «On a gagné trois ans pour apaiser notre fureur, mais je m’inquiète tout de même de la prochaine option retenue, car elle sera signée de la main du propriétaire du site Casella. On nous donnera tout de même l’occasion de l’analyser et d’émettre nos recommandations, ce qui est immense. On commence à déranger, car nous avons une oreille attentive de la part d’un État américain et d’une riche compagnie de gestion de déchets.»