Quatre élus craignent la spéculation immobilière au centre-ville

MAGOG. Quatre élus persistent et signent trois jours après avoir voté à cinq reprises contre des propositions modifiant et encadrant le développement du centre-ville de Magog. Ils craignent «un développement tous azimuts ouvert à la spéculation immobilière».

Ces règlements touchaient la hauteur des bâtiments et l’hébergement commercial, pavant notamment la voie à la construction d’un édifice commercial et résidentiel à l’ancien magasin Rossy et ex-Ressourcerie des Frontières. Piloté par le promoteur William Belval, ce projet du 494, rue Principale ouest, est estimé entre 10 et 12 millions de dollars.

La mairesse Vicki-May Hamm a dû trancher les débats avec un vote favorable à chacun des cinq items, lors de la séance publique du 3 mai dernier.

Diane Pelletier, Yvon Lamontagne, Bertrand Bilodeau et Nathalie Pelletier sont d’avis que les résolutions entérinées permettront un développement à large échelle d’immeubles de quatre étages. Ils croient que ces changements risquent de défigurer le centre-ville et de créer un traitement inéquitable entre les propriétaires du centre-ville, dont certains verront leurs propriétés jouir de plus de privilèges que les autres.

Diane Pelletier s’inquiète que la Ville ouvre ainsi la porte à un développement plus large. «Un des projets de règlement permettra à 25 propriétaires immobiliers du centre-ville, soit près de la moitié, de faire une demande de PPCMOI pour construire des immeubles de quatre étages sur leurs propriétés, prévient-elle. Ces changements risquent de changer de façon permanente le visage du centre-ville de Magog pour les prochaines décennies.»

«Notre centre-ville est aimé et il est attrayant avec ses bâtiments patrimoniaux et son échelle humaine, ajoute-t-elle. La grande majorité des immeubles du centre-ville font deux ou trois étages. Le projet de règlement met en péril le caractère si particulier et distinctif du centre-ville en rendant possible la construction de 25 immeubles de quatre étages. Il pourrait même en réduire l’attractivité touristique.»

Un conseil divisé

Des décisions plus détaillées

DEUX CLASSES DE PROPRIÉTAIRES

Yvon Lamontagne s’y oppose, car il estime que ces règlements créeront deux classes de propriétaires immobiliers : ceux qui ont la chance de voir leurs propriétés admises dans la liste des bâtiments admissibles aux quatre étages, et les autres qui n’y auront pas accès.

«Il est clair que cette façon de faire permet à 25 propriétés de prendre davantage de valeur que les autres, déplore-t-il. Il me semble qu’un conseil municipal n’est pas là pour créer de la spéculation immobilière. Notre rôle est d’encadrer et de favoriser le développement en fonction de critères précis et équitables pour tous.»

De son côté, Bertrand Bilodeau rappelle que la hauteur de bâtiments au centre-ville a déjà fait l’objet d’une soirée de consultation publique organisée par la Ville de Magog en février dernier. «Lors de cette soirée, les commentaires exprimés faisaient ressortir une inquiétude des citoyens par rapport à une hauteur supérieure à 12 mètres, spécifie-t-il. Je me questionne sur le fait que l’un des projets de règlement permet une hauteur de 13,5 mètres pour 25 propriétés. À mon sens, nous devrions respecter les commentaires dûment reçus dans nos propres processus municipaux de consultation.»

«C’est un dossier majeur pour l’avenir de Magog, clame Nathalie Pelletier. Notre centre-ville est reconnu au Québec. Il mérite qu’on poursuive son développement de façon harmonieuse en tenant compte des intérêts des citoyens, des promoteurs et des propriétaires immobiliers et en tout respect avec la nature environnante.»

Ces quatre élus invitent les citoyens et les propriétaires concernés à s’informer sur les différents projets de règlements actuellement soumis à des consultations écrites jusqu’au 20 mai.