Un polluant chimique confirmé dans l’eau potable de Magog

ENVIRONNEMENT. Le Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec confirme la détection d’un polluant chimique dans l’eau potable de Magog, mais en très petites quantités.

Cette section du ministère de l’Environnement procède à des analyses depuis février dernier, soit quelques semaines après avoir trouvé des traces de ces composés perfluorés (PFHxA et PFOA) dans la prise d’eau potable de Sherbrooke, située à 1,6 km de l’endroit où Magog puise également son eau dans le lac Memphrémagog.

Les spécialistes insistent sur le fait que les concentrations mesurées sont largement inférieures aux valeurs maximales recommandées par Santé Canada. Ces «traces» ont également été découvertes à l’installation de production d’eau potable de Magog. Ces concentrations se comparent à celles mesurées ailleurs au Québec.

Le Ministère considère comme «faible» l’exposition de la population aux composés perfluorés lorsqu’elle boit l’eau du robinet. Par voie de courriel, on informe les 175 000 Estriens qui boivent l’eau du Memphrémagog que ces risques sur la santé sont moindres que lorsqu’on consomme un liquide se trouvant dans un contenant qui contient ce polluant chimique.

Le Ministère ne formulera aucune recommandation à la Ville de Magog en raison de la faible teneur de composés perfluorés dans l’eau potable. Sa campagne d’échantillonnage se poursuivra sur une base mensuelle jusqu’en juin prochain. «Les scientifiques du Ministère continuent de surveiller l’évolution des connaissances sur ces composés ainsi que leur présence dans l’environnement et l’eau potable», lit-on par courrier électronique.

L’organisme COGESAF manifeste très peu d’inquiétudes et de préoccupations. Les Magogois n’ont pas à être apeurés, selon ce groupe, en raison des faibles concentrations. Il veut davantage les encourager à boire «cette eau d’une qualité exceptionnelle» qui vient du lac Memphrémagog.

La coordonnatrice de projet, Julie Grenier, compare cette détection à un «drapeau qui se lève». «Il s’agit d’une occasion à saisir pour en savoir davantage sur ce polluant qui s’accumule dans l’environnement, prévient-elle. Il faut en profiter pour approfondir les impacts sur la santé humaine.»

 

Le MCI plus alarmiste

Le groupe Memphrémagog Conservation Inc. (MCI) manifeste toutefois beaucoup plus d’inquiétude. Son président Robert Benoit n’apprécie guère l’apparition de ce polluant émergent dans l’eau potable de ce vaste réservoir d’eau potable.

Il craint notamment la bioaccumulation de cette matière dans la nature et le corps humain. «La panique s’installe dans certains États américains, là où l’on retrouve des polluants, prévient M. Benoit. Il faut s’en occuper rapidement, car les normes actuelles semblent déjà d’une autre époque.»

Le président du MCI prévoit que ce dossier deviendra la «troisième guerre environnementale», après celles des DDT et des BPC.

 

En résumé

  • On retrouve ces composés perfluorés dans plusieurs biens de consommation.
  • Ces substances synthétiques sont utilisées comme enduits imperméabilisants et antitaches sur des tissus et des meubles.
  • On en retrouve aussi dans des emballages d’aliments et des matériaux de construction.
  • Ils sont présents dans les poêles à frire antiadhésives et dans le Gore-Tex des vêtements de plein air.
  • Les eaux de lixiviation des sites d’enfouissement, la mousse extinctrice dans la lutte aux incendies et les eaux usées provenant des machines à laver les vêtements ou la vaisselle sont des sources potentielles.