Les admissions d’animaux sauvages explosent au Refuge Lobadanaki

FAUNE. Le rythme ne s’essouffle par au Refuge Lobadanaki qui a accueilli plus de 450 animaux au cours de la dernière année. Il s’agit d’un nombre record d’admissions et une centaine de plus comparativement à 2019.

Entamant sa cinquième année d’existence à Sainte-Étienne-de-Bolton, ce centre de réhabilitation pour animaux sauvages du Québec est l’une des seules ressources du genre en Estrie. Résultat, les besoins sont immenses et les ressources, elles, demeurent somme tout limitées pour réussir sa mission première, qui consiste à réhabiliter un animal dans le but de le retourner dans son milieu naturel.

«C’est un beau problème, car on est de plus en plus connu. On devient donc le seul espoir des gens lorsqu’ils retrouvent des bébés orphelins ou encore des animaux blessés, explique la propriétaire Anne-Marie Demers. Et au rythme où se construisent les nouvelles maisons qui causent de la déforestation, les animaux qui sont victimes de l’activité humaine ne font qu’augmenter.»

(Photo gracieuseté – Kim Santerre-Essiambre)

Trop de bébés orphelins

Malgré de grandes installations à même la cour de leur résidence familiale, les proprios du Refuge sont obligés, parfois, de refuser des demandes, notamment en ce qui concerne des bébés ratons-laveurs ou cerfs de Virginie. «La réhabilitation, c’est très long et complexe car l’animal ne doit pas être imprégné de l’humain, soutient-elle. Il doit manger ce qu’il va retrouver dans la nature, sinon, son régime alimentaire ne sera pas adapté. Il doit conserver la crainte des humains et des routes, par exemple. Il nous faut plus d’un an de travail pour réhabiliter ces bébés avant d’espérer les remettre dans la nature.»

«Et même si on avait plus de ressources financières, je ne suis pas certaine qu’on pourrait en accueillir davantage, car c’est beaucoup de temps et de travail, poursuit la responsable. Et on veut que l’espace et la qualité de vie au Refuge soient maximaux. Certains des animaux, trop domestiqués ou handicapés, sont ici pour la vie. Pour moi, c’est important d’aller les voir, de leur donner notre confiance comme ils nous la donne eux aussi. C’est un échange précieux qui se perdrait avec trop d’animaux.»

(Photo gracieuseté – Kim Santerre-Essiambre)

Un premier salaire

Un autre fait saillant du bilan 2020 est que pour la première fois, Anne-Marie Demers a touché un salaire. De tous les revenus tirés essentiellement de dons, un surplus de quelque 5000 $ lui a été versé. «C’est une étape importante, qui est surtout plus symbolique qu’autre chose. Idéalement, j’aimerais avoir un petit salaire, mais ce que je voudrais par-dessus tout, ce serait de pouvoir engager une ressource supplémentaire. Un bras droit qui nous permettrait de reprendre notre souffle, de temps en temps. Malgré qu’on adore notre travail, la charge de travail est énorme. On fait beaucoup avec peu. C’est ce qui est beau en même temps, car au-delà du refuge, c’est un mode de vie. Sans compter qu’on a de l’aide extraordinaire de bénévoles au grand coeur», souligne la principale intéressée.

 

Un bureau rempli de tortues

Pour 2021, le Refuge poursuivra les visites guidées de ses installations, qui sont organisées par réservation. Les responsables songent aussi à aménager des espaces spécialement conçus pour accueillir des oursons.

«Un autre projet qui me tient à cœur, mais pour lequel il nous manque de fonds, est celui d’un sanctuaire à tortues, dont plusieurs espèces ont un statut préoccupant au Québec. Nos bassins actuels ne sont pas assez profonds pour permettre aux tortues d’hiberner. On doit donc les rentrer à la chaleur. Il doit y en avoir une trentaine autour de moi dans mon bureau, ce qui n’est pas idéal pour travailler et rester concentrée!», conclut celle qui préfère rire de la situation.