Éclosion enfin levée à Pinecroft

PANDÉMIE. L’éclosion de la COVID-19 vient d’être levée après sept longues semaines à la résidence Les Jardins Pinecroft. La tension baisse légèrement. Les mesures sanitaires s’assouplissent lentement pour que ces aînés retrouvent un semblant de vie normale.

Mais l’heure n’est pas à la réjouissance. Ce milieu de vie a perdu 14 résidents victimes de ce coronavirus. Un total de 81 personnes ont été contaminées parmi les résidents et le personnel. La moitié des personnes âgées habitant cet établissement ont été incommodées à différents degrés.

«Ces chiffres sont énormes, confie la copropriétaire Marie-Josée Hince. Cette tornade a frappé très fort et intensément après avoir dévasté beaucoup de vies sur son passage.»

Elle témoigne avec beaucoup d’émotion de ce «long calvaire» vécu par les résidents, leurs familles, les employés et la direction. L’établissement a dû faire appel aux enfants, à la famille et aux amis de la direction pour venir à la rescousse de la trentaine d’employés affectés. Même Mme Hince a été testée positive. Elle a dû travailler à l’hôtel pendant sa quarantaine.

«Il a fallu gérer à la seconde et à la minute près pour s’adapter à une situation affolante, surtout quand les résultats arrivent presque tous en même temps. Il fallait gérer avec une grande précision, surtout avec des familles éplorées et du nouveau personnel qui ne connaissait pas notre milieu.»

Mme Hince maintient un sentiment de culpabilité, même si on lui dit que l’établissement n’a rien à se reprocher. Elle assure que les procédures ont été appliquées et respectées à la lettre, même quand le gouvernement a permis les visites pendant le temps des Fêtes.

Une petite visite qui a tout déclenché

«Il fallait trouver un équilibre entre santé mentale et santé physique, observe-t-elle. La visite d’un proche aidant par jour équivaut à un possible total de 100 visites quotidiennement dans notre établissement. Et c’est justement la visite d’un enfant chez son parent qui a tout déclenché.»

Les procédures ont été respectées, répète Mme Hince, car ce proche aidant ne présentait aucun symptôme et ne savait pas qu’il était atteint du coronavirus. «Il l’a transmis à son parent, mais on l’a su sept jours plus tard, détaille-t-elle. Ça a pris quatre jours de plus avant de recevoir les résultats des tests. On est entré dans un chantier de guerre, mais on avait de la difficulté à se trouver de qu’on avait besoin en raison des Fêtes et des commerces fermés.»

Des chandelles ont été allumées à la chapelle de Pinecroft pour rendre hommage aux 14 victimes de la COVID-19.

Mme Hince parle encore difficilement de cette crise. Les victimes sont des gens disparus trop tôt. Six résidents hospitalisés ont perdu tellement d’autonomie qu’ils n’ont pu regagner leur chambre. «Je suis encore là-dedans, mais cette crise a généré aussi un vent de solidarité extraordinaire dans la communauté, notre entourage et dans le réseau de la santé», reconnaît-elle.

«Les résidents viennent me voir depuis la levée de l’éclosion (17 février). Ils sont contents de me revoir malgré les deuils. Mais ces deuils soudains sont difficiles à vivre. On n’a même pas eu le temps de leur dire au revoir. Mais là on sent que les résidents ont le goût de vivre dans notre petite famille. On sent la joie revenir parmi nous», confie-t-elle.

Mme Hince admet que cette crise représente la plus grosse épreuve de sa vie. «Je ne serai plus jamais la même personne, concède-t-elle. J’ai encore besoin de temps pour vivre mes deuils. La résilience des résidents m’aide à passer à travers. Ça me donne le désir d’être encore plus présente pour eux. Le soutien et la solidarité des employés apportent également un bon vent pour l’avenir.»

  • En date de dimanche dernier (21 février), 97% des résidents et 96% du personnel de Pinecroft avaient été vaccinés.
  • En date de mercredi, il y avait 11 cas actifs dans la MRC de Memphrémagog sur un grand total de 699 personnes affectées depuis le début de la crise.