TRIBUNE LIBRE: Consultation publique de Magog: règles démocratiques bafouées

J’ai participé à la consultation publique du 2 février qui était ouverte à tous les citoyens et qui avait largement été publicisée concernant la hauteur des bâtiments et la location court-terme au centre-ville.  Lors de cette soirée, on nous a bien précisé, et plus d’une fois, que la consultation ne visait pas le projet d’un promoteur, mais bien la modification de la réglementation.

La plupart des citoyens qui se sont exprimés ont fait part de leurs inquiétudes quant à l’impact visuel qui serait créé par des bâtiments de 4 étages sur la rue Principale et qui deviendraient 5 étages du côté de la rivière. Je suis d’avis, comme la plupart des citoyens, que plusieurs immeubles du centre-ville ont besoin d’être revampés et nécessitent des investissements, mais que cela peut très bien avoir lieu en limitant à 12 mètres la hauteur et en préservant au mieux le cachet actuel. La décision que le conseil municipal s’apprête à prendre sur cette réglementation est lourde de conséquences à long terme sachant que tous ces nouveaux immeubles seront certainement encore debout dans 60-70 ans et qu’on risque d’hypothéquer grandement toute forme de valorisation du bord de la rivière dans une réflexion globale.

Bien que  Réal Girard, directeur de la planification et développement du territoire pour la ville de Magog, ait fait une présentation technique intéressante qui nous a permis de constater que tous les immeubles actuels de 3 étages avaient au plus 12 mètres à l’exception de la tour de l’hôtel Union, il est décevant de voir qu’une personne avec une telle expérience n’ait aucunement parlé de l’architecture, de l’histoire et de la signature de notre centre-ville pour nous présenter un cadre cohérent avec celles-ci. M. Girard a plutôt justifié la nécessité d’un 4e étage en invoquant que le prix au pied carré devient plus cher au centre-ville, ce qui dénote une forte appartenance à la vision des promoteurs, mais non des citoyens.

Si l’on se réfère sur le site de la ville quant au projet de revitalisation du centre-ville pour lequel plus de 20 millions $ ont été injectés, on y note que « L’architecture de l’époque encore présente aujourd’hui fait partie intégrante du centre-ville de Magog. Le projet de revitalisation conservera le tissu social propre à l’identité magogoise. Notre centre-ville conservera son caractère unique et fera la fierté de tous ». J’aurais aimé me faire expliquer dans ce cas, en quoi il est prioritaire et essentiel de modifier la réglementation afin de permettre la construction d’unités de 4 étages sur notre rue Principale et me faire proposer une vision d’intégration et d’avenir. Si cela avait été pour permettre des constructions de logements locatifs à prix abordable pour des familles et éviter ainsi l’étalement urbain, je comprendrais l’argument de densité urbaine qui d’ailleurs a été largement utilisé mais sans explication concluante.

Et voilà que moins de 24 heures après cette consultation, nous voyons le projet de William Belval  être dévoilé en première page du Journal local avec tous les détails… Certains élus demandent alors aux citoyens, via leurs réseaux sociaux, ce qu’ils en pensent et mentionnent que ce projet a été discuté la veille. On nous avait pourtant bien dit que la consultation ne portait pas sur ce projet. Donc, les gens s’expriment sur un autre sujet que celui discuté la veille et sans connaître les informations détaillées qui nous ont été transmises. Je remercie d’ailleurs la conseillère Nathalie Pelletier d’avoir décrié cette situation.

J’ai été surpris que Mme la mairesse ne critique pas cette façon de faire de ses collègues élus, sachant toute l’importance qu’elle accorde à ces consultations publiques. Aussi, les doutes exprimés par les citoyens lors de la soirée n’ont semblé susciter aucune réflexion chez elle, elle qui s’était dite en mode écoute. Elle a plutôt répliqué qu’elle reste sur sa faim puisqu’elle juge que trop peu de citoyens se sont exprimés lors de la consultation citoyenne. Va-t-elle maintenant prioriser les opinions sur les réseaux sociaux qui discutent uniquement d’un seul projet et qui, souvent, identifient mal l’enjeu du 13,5 mètres (qu’ils croient à tort être la hauteur de certains bâtiments actuels) au détriment d’une consultation qui a été faite en bonne et due forme où tous les citoyens qui ont voulu s’exprimer ont eu l’occasion de le faire? Depuis la pandémie, plusieurs consultations virtuelles ont eu lieu et aucune n’a été remise en question. Pourquoi celle-ci serait-elle moins valable que les autres?

Par ces faits, la situation de la démocratie de notre ville devient très préoccupante. Je souhaite que le conseil municipal ne discrédite pas le rapport découlant de la consultation citoyenne seulement parce que celui-ci ne rejoint pas les opinions de certains élus.

Puisque l’on voit que l’ajout d’un 4e étage est loin de faire consensus, que cette décision aura des impacts pour de nombreuses années à venir, que des millions ont été investis pour refaire le centre-ville afin qu’il conserve son unicité, ne serait-il pas plus sage d’être prudent et de s’en tenir à la solution du 12 mètres de hauteur et de 3 étages maximum.  Cela n’empêche en rien le développement économique. Plusieurs beaux projets de bâtiments ont été érigés ou rénovés depuis les derniers mois sur la rue Principale et respectent ces dimensions. Soyons vigilants pour un développement harmonieux de notre centre-ville.

 Rolland Forest

Magog