TRIBUNE LIBRE: Hauteur des bâtiments au centre-ville : quelques élus et la consultation citoyenne déraillent

Le 2 février dernier, la Ville de Magog a tenu une consultation citoyenne concernant la hauteur des bâtiments et la location à court terme au centre-ville. Lors de cette consultation (que l’on peut visionner en ligne), un consensus ralliant le plus grand nombre des citoyens s’étant exprimés ce soir-là s’est dégagé pour limiter à 12 m (3 étages) la hauteur des bâtiments du centre-ville.

Le lendemain matin, quelques élus insatisfaits des résultats, et qui avaient donné leur avis avant même la consultation, ont toutefois contesté la «représentativité» de celle-ci et lancé une discussion parallèle sur les réseaux sociaux.

Il n’y a aucun mal à vouloir entendre plus de citoyens. Tout le monde a le droit d’exprimer son opinion. Pour ma part, je pense que trois étages sont un bon compromis pour garantir un développement économique et harmonieux du centre-ville. Alors que quatre étages, justifiés surtout par la rentabilité au pied carré des investissements des promoteurs, font courir des risques sur le potentiel de développement ultérieur, côté rue et côté rivière, de notre centre-ville. Là n’est toutefois pas la question centrale de cette lettre.

Le problème est qu’avec leur vox pop parallèle, ces élus ont fait dérailler le processus de consultation sur le fond et sur la forme.

D’abord, en posant une question sur le projet de l’ancien Rossy et non pas sur la hauteur des bâtiments pour la rue Principale, ils font exactement l’inverse de ce que le conseil a demandé : s’entendre d’abord sur la hauteur des bâtiments pour le centre-ville avant de débattre du projet spécifique de l’ancien Rossy, qui sera d’ailleurs présenté bientôt. Le projet particulier d’un promoteur est donc en train de déterminer le sort et les standards pour tout le centre-ville. Alors que ce devrait être l’inverse.

Ensuite, on peut se demander au nom de qui parlent ces quelques élus et qui ils représentent au juste : eux-mêmes, la ville, le promoteur? En demandant à des gens sur leurs réseaux sociaux de se prononcer sur un projet, présenté de façon simpliste et sans fournir toutes les informations nécessaires, ils donnent l’impression de défendre publiquement le projet d’un promoteur avant la consultation sur celui-ci. Cela contribue à alimenter la méfiance des citoyens à l’égard de l’administration municipale.

Enfin, je ne m’étendrai pas sur la pertinence d’utiliser ce genre de vox pop sur une page Facebook. D’une part, parce que cela donne toujours lieu à des débordements. D’autre part, parce que les résultats ne sont pas fiables. Les gens sont-ils favorables au projet avec 3 ou 4 étages? Leur réponse s’applique-t-elle à ce projet seulement ou à toute la rue? Difficile de le savoir et de croire à des résultats crédibles et transparents fournis par des élus qui ont un biais favorable au projet. A ce compte-là, pourquoi ne pas faire un référendum? L’enjeu est justifié et la question simple : trois ou quatre étages pour les bâtiments au centre-ville? Les Magogois décideront.

On peut s’étonner que la mairesse se fasse l’écho d’une telle démarche inappropriée d’un petit groupe d’élus qui déroge aux principes élémentaires d’une consultation citoyenne. La mairesse ne devrait-elle pas plutôt défendre le processus de consultation qu’elle a mis en place et lancé avec fierté? Pour une grande ville comme Magog, ce manque de cohérence et de jugement semble problématique sur le plan de la gouvernance municipale et de la démocratie locale.

La confiance dans les institutions est une chose fragile. Nous avons beaucoup de respect et de considération pour le travail important et difficile de nos élus. Mais ce n’est pas la première fois qu’une consultation citoyenne déraille à Magog. Et qu’une minorité d’élus  semble confondre son point de vue, les intérêts d’un promoteur et l’intérêt public. Cette façon de procéder fait mal au conseil municipal, contribue à polariser les citoyens et ne ressemble pas à un travail d’équipe au service de notre ville. En ces temps difficiles, nous aurions besoin davantage de l’unité et de l’intérêt collectif que la mairesse et son équipe sont censés incarner.

David Morin

Magog