René Teasdale et l’aventure des Intrépides et des Conquérantes

De la gymnastique à Magog, une ville où le paysage sportif a toujours été dominé par le hockey et le base-ball? L’idée est originale. L’homme qui en est à l’origine aussi. Natif de Montréal, René Teasdale termine ses études secondaires au Collège Saint-Patrice de Magog en 1952. Il joint ensuite les rangs de la Royal Canadian Air Force, avec qui il sillonne le globe jusqu’en 1963.

Après être retourné sur les bancs d’école, René Teasdale devient le premier éducateur physique de l’histoire de Magog en 1966, toujours au Collège Saint-Patrice. C’est à ce moment qu’il fait le pari d’intéresser ses étudiants aux vertus de «la gym», un sport qu’il aime passionnément.

Dès septembre 1966, 84 jeunes se présentent au camp d’entraînement se déroulant au Pavillon des loisirs. De ce nombre, une quarantaine sont sélectionnés pour faire partie des Intrépides, une équipe qui, après à peine sept mois d’existence, présente son premier spectacle en mars 1967. Plusieurs centaines de Magogois ouvrent grands les yeux pour apprécier les performances au sol, au cheval-sautoir et aux barres parallèles de ces gymnastes en gestation. Il en va de même de leur pyramide humaine qui retient immanquablement l’attention des photographes présents.

La devise des Intrépides, «Toujours plus haut», est de nouveau mise à l’épreuve quelques mois plus tard. Cette fois, c’est devant le public de Terre des Hommes, sur le site de l’Exposition universelle de Montréal de 1967, que les jeunes gymnastes magogois déploient leurs acrobaties. La marche est haute, mais les prestations des Intrépides gagnent le cœur des milliers de personnes qui y assistent. Leur spectacle plaît à un point tel qu’ils seront invités à le présenter à plusieurs reprises, au même endroit, au cours des années à venir.

Plus qu’un phénomène local, la réputation des Intrépides est maintenant en voie de s’établir à l’extérieur de la région. Ce dont témoignent notamment des passages à la télévision, dont celui à l’émission Réal Giguère Illimité, en février 1968.

Loin de s’essouffler, la jeune formation va continuer sur cette lancée. En septembre 1968, une équipe féminine est fondée. Elle portera le nom de Conquérantes. Celles-ci participeront à leur tour à de nombreux spectacles. Car il n’y a pas de repos pour les gymnastes magogois et leur entraîneur. Du Centre Paul-Sauvé de Montréal aux écoles de la région, de l’Aréna de Magog à la ville de Champlain, dans l’État de New York, les Intrépides et les Conquérantes donnent l’impression d’être partout.

En 1969, les Intrépides se voient même offrir de participer à l’Exposition universelle de 1970 qui a lieu à Osaka, au Japon. La nouvelle fera la manchette pendant plusieurs mois avant que le rêve des jeunes ambassadeurs ne soit finalement abandonné au printemps 1970, conséquence d’un malheureux imbroglio.

La déception est palpable, mais les Intrépides ne tardent pas à rebondir. Par leurs spectacles d’abord, mais aussi par les résultats qu’ils obtiennent lors de compétitions de gymnastique. De plus en plus redoutés lors des épreuves opposant les meilleurs gymnastes de la province, les Magogois accumulent les honneurs, raflant plusieurs titres d’envergure et s’affirmant comme de sérieux prétendants face à l’élite québécoise.

Le souvenir des centaines de médailles ramenées au fil des ans reste bien fidèle à la mémoire de ceux qui ont vécu cette période trépidante. Tout comme celui des galas hauts en couleur et en musique que les Intrépides et les Conquérantes présentaient annuellement au Centre d’Arts Orford.

Plus que cela,  les Intrépides ont toutefois été, selon le vœu de leur entraîneur, une école de formation, une occasion unique pour des centaines de jeunes de développer des valeurs de rigueur et de discipline grâce à l’activité physique. D’ailleurs, René Teasdale a participé à la formation de six éducateurs physiques. Intarissable réservoir d’anecdotes de toutes sortes, l’aventure des Intrépides et des Conquérantes se termine en 1973, à la suite de la décision de leur entraîneur de poursuivre ses études à Trois-Rivières.

Un hommage sera rendu à ces belles années le 3 juin 2001, lors du spectacle de fin de saison du groupe Dymagym à l’Aréna de Magog. Des «anciens et anciennes» renouent à cette occasion et lors de retrouvailles au Collège Saint-Patrice, le 8 juin 2002. Le 26 avril de la même année, l’œuvre pionnière de René Teasdale avait été saluée par l’Association des éducateurs et éducatrices de l’Estrie.

 Serge Gaudreau, Maurice Langlois